En images Inde, Thaïlande, Bangladesh... L'Asie écrasée par une interminable vague de chaleur extrême

Des records de température ont été battus ces dernières semaines en Asie du Sud et du Sud-Est, poussant les gouvernements à prendre des mesures drastiques, notamment en Inde, où les élections générales sont perturbées.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une femme se couvre le visage pour se protéger de la canicule. La température a atteint les 41°C à Kolkata en Inde, le 25 avril 2024. (SAMIR JANA / HINDUSTAN TIMES / SHUTT / SIPA)

Une partie de l'Asie est écrasée par une vague de chaleur brutale, qui perturbe le quotidien de centaines de millions de personnes depuis un mois. Ces chaleurs extrêmes affectent l'Asie du Sud et du Sud-Est depuis début avril. Les mois qui précédent la mousson, ou la saison des pluies dans la région, sont généralement chauds, mais les températures sont, en cette année 2024, bien supérieures à la moyenne. "L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale", a d'ailleurs alerté l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport publié le 23 avril et basé sur 2023.

Les 40°C ont été largement dépassés dans 26 provinces de la Thaïlande (un tiers du pays) en avril, selon l'agence de presse Bloomberg. Ce mois est considéré comme le plus chaud et sec dans la région, mais cette année, la canicule est exacerbée par le phénomène climatique El Niño. A Bangkok, la température ressentie (calculée selon un indice prenant en compte le vent ou l'humidité en plus de la température) a par exemple dépassé les 52°C le 25 avril.

Des hommes déchargent un morceau de glace d'un camion sur un marché le 1er mai 2024 à Bangkok, en Thaïlande. (LAUREN DECICCA / GETTY IMAGES)

Cette vague de chaleur a entraîné une consommation d'électricité record, intensifiée par l'utilisation des ventilateurs ou de l'air conditionné. Depuis le début de l'année, les températures extrêmes ont déjà tué trente personnes, selon les données publiées mi-avril par le ministère de la Santé thaïlandais. C'est déjà presque autant que pour toute l'année 2023 (37 morts de la chaleur recensées).

"Veuillez vous abstenir de passer du temps dehors"

A la recherche d'eau, plusieurs éléphants se sont aventurés hors de la jungle sur un parcours de golf de la capitale thaïlandaise, comme le montre la photo qui suit, prise le 22 mars.

Un éléphant sauvage se promène sur le parcours de golf du Royal Hills de Bangkok, le 22 mars 2024. Plusieurs éléphants se sont aventurés hors de la jungle à la recherche d'eau. (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET / GETTY IMAGES)

Des millions d'habitants de Bangkok ont été priés de rester chez eux, mercredi 1er mai, en raison d'un indice de chaleur jugé "extrêmement dangereux"."Veuillez vous abstenir de passer du temps dehors", a enjoint la municipalité de Bangkok sur Facebook.

Cette canicule qui dure depuis des semaines touche également les Philippines, qui ont enregistré un pic à plus de 40°C, mercredi. Cette situation a contraint les autorités locales à suspendre les cours dans des milliers d'écoles. La température a varié entre 42°C et 51°C dans 38 villes "en alerte", dont la capitale Manille, selon l'agence nationale de météorologie.

Les élections perturbées en Inde

La vague de chaleur extrême perturbe la tenue des élections générales en Inde, débutées le 19 avril et qui doivent théoriquement se terminer début juin. Le taux de participation lors de la première phase du scrutin a chuté de près de quatre points, à 66%, par rapport à l'élection de 2019, rapporte India Today. Dans ses prévisions pour la saison estivale d'avril à juin, publiées le 1er avril, le service météorologique indien a mis en garde contre des chaleurs extrêmes et des vagues de chaleur prolongées "dans la plupart des régions du pays". 

Des femmes puisent de l'eau dans un puits pendant la canicule à Kasara, en Inde, le 1er mai 2024. (INDRANIL ADITYA / NURPHOTO / AFP)

Préoccupée par ce faible taux de participation dans les urnes, la commission électorale indienne a formé un groupe travail qui doit examiner "l'impact des vagues de chaleur et de l'humidité cinq jours avant chaque phase de scrutin", rapporte le journal The Business Line, citant la commission.

Un homme transporte des rafraîchisseurs d'air, le 10 avril 2024 à Noida, en Inde. (SUNIL GHOSH / HINDUSTAN TIMES / GETTY IMAGES)

 

Un des leaders du parti au pouvoir s'est évanoui lors d'une réunion publique le 24 avril, alors qu'il faisait campagne dans l'Etat du Maharashtra. Nitin Gadkari, ministre du Transport routier et membre du Bharatiya Janata Party du Premier ministre Narendra Modi, s'est effondré sur scène, comme le raconte The Hindu. "Je me suis senti mal à l'aise en raison de la chaleur durant le meeting", a réagi le ministre sur le réseau social X, ajoutant qu'il était rétabli et allait pouvoir poursuivre ses obligations de campagne.

Au Bangladesh, des prières pour la pluie

Au Bangladesh, pays de 171 millions d'habitants, les températures maximales moyennes ont été de quatre à cinq degrés supérieures à la moyenne des trente dernières années. En conséquence, le service météorologique du pays a reconduit, jeudi 2 mai, son alerte canicule pour plusieurs jours. D'après les autorités locales, au moins sept personnes sont mortes depuis début avril à cause de cette chaleur extrême.

Un conducteur de rickshaw se lave le visage au bord de route pendant une journée de forte chaleur à Dacca, au Bangladesh, le 15 avril 2024. (STR / NURPHOTO / AFP)

Ces conditions climatiques ont forcé la Haute Cour de justice du pays a adopté une ordonnance le 29 avril pour fermer toutes les écoles primaires et secondaires et les madrasas (écoles religieuses) jusqu'au dimanche 5 mai. Cette décision a contraint 33 millions d'enfants à rester chez eux, selon un communiqué de l'ONG Save The Children.

Des fidèles alignés pour prier pour la pluie alors qu'une chaleur extrême frappe le Bangladesh, le 26 avril 2024. (ISTIYAK AHMED SRABON / SOLE / SIPA)

Selon le météorologue Muhammad Abul Kalam Mallik, le Bangladesh n'a pas connu une telle vague de chaleur depuis le début des relevés en 1948. "Il s'agit d'un record en termes de durée et de zone de couverture dans le pays", a-t-il assuré à l'AFP. Mercredi dernier, des milliers de fidèles musulmans se sont rassemblés dans les mosquées des villes et des campagnes du Bangladesh afin de prier pour l'arrivée de la pluie.

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