Thaïlande : les manifestants pénètrent dans le siège du gouvernement
Après plusieurs jours d'affrontements violents, les policiers ont reçu l'ordre de ne plus s'opposer aux "chemises jaunes", les manifestants hostiles au gouvernement.
Ils réclament la démission de la Première ministre, Yingluck Shinawatra. Sans rencontrer de résistance, les manifestants thaïlandais, rassemblés dans les rues de Bangkok, sont entrés mardi 3 décembre dans le complexe qui abrite le siège du gouvernement. Dans cette foule de "chemises jaunes" : des bourgeois conservateurs proches du Parti démocrate et des groupuscules ultra-royalistes, unis dans leur haine profonde du frère de la Première ministre,Thaksin Shinawatra.
Tous soupçonnent ce milliardaire, renversé par un coup d'Etat en 2006, d'être toujours celui qui décide, en coulisses, de la politique du gouvernement.
Les opposants au gouvernement sont entrés dans l'enceinte du bâtiment, dans "une ambiance de carnaval", écrit l'AFP. Voilà qui tranche avec les heurts survenus les deux jours précédents entre manifestants et forces de l'ordre. Francetv info revient sur ce revirement de situation.
Les policiers veulent éviter les heurts
Des policiers et des manifestants qui se serrent la main, des membres des forces de l'ordre assis ou des distributions de roses dans le siège de la police... Les mêmes scènes d'abandon de poste (un peu "surréalistes", selon le correspondant de RFI) ont été constatées au siège de la police métropolitaine de Bangkok, dans le même quartier, où une dizaine de manifestants ont fait irruption, conformément à leurs intentions révélées plus tôt.
Le chef de la police métropolitaine, le lieutenant général Kamronwit Thoopkrajang, conspué par la foule jusqu'ici en raison de sa proximité avec Thaksin, avait alors affirmé, un peu plus tôt dans la matinée, que ses troupes n'empêcheraient pas les manifestants d'entrer. Le quartier général "appartient au peuple", a-t-il déclaré.
Les autorités lâchent du lest après deux jours de violence
En agissant de la sorte, les forces de l'ordre obéissent aux derniers ordres délivrés par les autorités. Le gouvernement a en effet annoncé avoir ordonné à la police de laisser passer les manifestants pour éviter toute violence. Ces deux derniers jours, la police avait utilisé gaz lacrymogènes et canons à eau contre les protestataires. Dans la nuit de samedi à dimanche, des violences à Bangkok ont fait quatre morts et des dizaines de blessés, dans des circonstances troubles, près du stade où étaient massées des "chemises rouges", les soutiens de la Première ministre.
Lundi, des milliers de manifestants ont affronté les forces de l'ordre protégeant le siège du gouvernement à Bangkok, où la tension est montée d'un cran. Ce même jour, un mandat d'arrêt pour "insurrection" a été diffusé à l'encontre du meneur des manifestations Suthep Thaugsuban, qui risque "la peine de mort ou la prison à vie". La Première ministre, en poste depuis 2011, excluait alors toujours de démissionner.
Un revirement qui pose question
"Les journalistes, comme les spécialistes qui étudient un peu la situation, s'interrogent (...) sur la signification de ce soudain changement de stratégie de la part des forces de l'ordre", écrit RFI. Est-il question de faire retomber la pression alors que l'opposant Suthep Thaugsuban pourrait bénéficier d'éventuels débordements attribués au pouvoir ?
En attendant, il crie (presque) victoire. Désormais installé avec ses partisans dans un complexe gouvernemental à la périphérie de la capitale, il assure qu'il ne renonce pas à faire tomber le gouvernement. "C'est une victoire partielle. Mais elle n'est pas finale, car le régime Thaksin est encore en place. Vous ne pouvez pas encore rentrer chez vous, nous devons poursuivre notre lutte", a-t-il lancé.
Outre la démission de la Première ministre, l'opposant demande à réformer en profondeur le système politique thaïlandais via un "conseil du peuple", concession que le gouvernement n'est pas prête à lui accorder, a confirmé Yingluck Shinawatra lundi soir, à la télévision.
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