Hong Kong : "Une répression serait la fin de la confiance qui fait de ce territoire une place financière"
Jean-François Di Meglio, président de l'institut de recherche Asia Centre, ne croit pas à l'emploi de la force par la Chine contre les manifestations à Hong Kong.
Hong Kong est le théâtre, depuis deux mois, de manifestations monstres appelant au respect des droits démocratiques. Elles sont souvent suivies d'affrontements entre de petits groupes radicaux et les forces anti-émeutes. De son côté, le régime chinois se montre particulièrement menaçant. Mardi 6 août, au lendemain d'une journée de grève générale et de manifestations dans la métropole du sud de la Chine, Pékin a promis la mort "par le feu" aux "criminels" de Hong Kong.
Hong Kong, un "poumon financier"
Pour autant, Jean-François Di Meglio, président de l'institut de recherche ASIA Centre, ne croit pas à l'emploi de la force par la Chine. Il y a "beaucoup de limites" pour que les menaces de Pékin "soient prises au sérieux, pour qu'il y ait une répression venant de Pékin sur ce qui est en train de se passer", explique-t-il mercredi sur franceinfo.
Hong Kong a un certain nombre de valeurs à défendre, qui, bien sûr, ne sont pas forcément les valeurs de Pékin. En revanche, Hong Kong a des utilités diverses pour Pékin
Jean-François Di Meglio
"En tout premier lieu, rappelle le chercheur, c'est un poumon financier. Beaucoup d'opérations financières se passent à Hong Kong et on sait bien qu'une répression serait la fin, en tout cas momentanée, de la confiance qui fait une place financière. Une chute de la bourse de Hong Kong comme on a commencé à la voir ou une dégradation du statut de Hong Kong qui serait due à l'insécurité qui se serait installée du fait d'une répression violente, ce serait très mauvais pour tous ces avantages que Hong Kong représente, y compris pour la Chine continentale."
Pékin se pose "en grand frère"
Pour Jean-François Di Meglio, la Chine ne fait que jouer les "gros bras". "Plus on peut entendre de menaces et plus, effectivement, elles sont violentes, plus on peut se dire que ça repousse la réalité d'une intervention", soutient-il. Pour lui, le sens du message, c'est d'"effrayer les gens non radicalisés, s'en servir comme levier sur ceux qui sont plus radicalisés et bien sûr, dire que, si on voulait, on pourrait mais on s'abstiendra probablement de faire quoi que ce soit". Les militaires, installés à la frontière, font partie selon lui de "la même rhétorique". "Les arrestations sont faites par la police de Hong Kong", rappelle-t-il.
Pour l'instant, Pékin a bien pris soin de ne mettre en première ligne que des acteurs hongkongais. Mais bien sûr, c'est Pékin "qui se pose en arbitre, en grand frère capable de dire si on va en sortir ou pas", souligne le chercheur.
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