La Chine censure les hommages après la mort de Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix
Au lendemain du décès du dissident Liu Xiaobo, les réactions sur les réseaux sociaux doivent contourner la censure du gouvernement chinois.
Après la mort de l'opposant chinois Liu Xiaobo, les hommages pleuvent. Liu Xiaobo, emprisonné depuis 2009 pour subversion, avait reçu le prix Nobel de la paix en 2010. Il est mort jeudi 13 juillet d'un cancer du foie, à l'âge de 61 ans. Sur les réseaux sociaux chinois, soumis à la censure, les citoyens rusent pour rendre hommage à Liu Xiaobo.
Le nom "Liu Xiaobo" ne donne aucun résultat sur le moteur de recherche Baidu ; les intitiales et même l'âge du dissident sont bloqués. Les Chinois détournent les restrictions en publiant des poèmes écrits par le prix Nobel de la paix, ou encore des photographies de bougie. L'emoji "bougie", lui, est rejeté par la censure.
Sur WeChat, application de messagerie instantanée la plus utilisée en Chine, des intellectuels affichent leur colère et leur tristesse, en reprenant les phrases de Liu Xiaobo : "Je n'ai pas d'ennemis" ou "Aucune force ne pas s'opposer au droit des hommes d'être libres". "C'est un héros, confie courageusement un avocat des droits de l'homme. Liu Xiaobo est représentatif, c'est pour ça que tous les regards sont tournés vers lui. Il est le fil qui relie les événements de la place Tian'anmen en 1989 jusqu'à aujourd'hui. Il n'a jamais abandonné, il n'a jamais baissé les bras. Il a fait le lien entre deux générations."
Pékin condamne les hommages venus de l'étranger
La communauté internationale a également largement réagi, après la mort en détention du dissident. Le Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, les États-Unis, l'Allemagne, la France, ont salué la mémoire du prix Nobel de la paix, et le comité Nobel de la paix a accusé la Chine de porter "une lourde responsabilité" dans la mort "prématurée" de l'opposant en le privant de soins médicaux adaptés. Le régime communiste de Pékin a contesté ces réactions, qualifiées d'"irresponsables" et de "déplacées". Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang a estimé que le prix Nobel de la paix a été "blasphémé" en 2010, quand il a été attribué à Liu Xiaobo. "Attribuer le prix à une telle personne contredisait l'objectif même de cette récompense."
Les opposants au régime chinois s'inquiète à présent du sort de la poétesse Liu Xia, épouse de Liu Xiaobo, en résidence surveillée depuis 2010. Très amaigrie et dépressive, d'après son entourage, elle n'a pas donné de nouvelles depuis la mort de son mari. Les États-Unis et l'Union européenne ont appelé à sa libération.
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