Haut-Karabakh : ces témoignages qui font craindre des crimes de guerre
Le Haut-Karabakh se vide de ses habitants : en quelques jours, 88 780 personnes, soit près des trois-quarts des 120 000 habitants officiels du territoire, ont quitté leur foyer, selon le dernier décompte publié par Erevan, vendredi 29 septembre. La population redoute en effet des représailles, après l'offensive militaire victorieuse de l'Azerbaïdjan. Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de l'offensive militaire victorieuse de Bakou, qui a conduit les séparatistes à capituler le 20 septembre.
Mais, sur place, la situation est inconnue : la frontière n'est, en effet, plus ouverte que dans un seul sens : impossible de se rendre dans cette enclave du Nagorny Karabakh. Invitée de franceinfo, l'ambassadrice d'Arménie en France parlait "d'épuration ethnique en cours, en temps réel sur les réseaux sociaux", évoquant des "atrocités de masse" vues sur les réseaux sociaux azéris. En l'absence d'observateurs internationaux sur place, ces informations sont difficiles à vérifier et à contextualiser. Mais certains éléments existent : à commencer par les témoignages de ces réfugiés qui fuient le Haut-Karabakh. Ils racontent des maisons et des églises brûlées, la douleur d'un mari mort au combat, ou encore des hommes qui cachent leur statut de militaire, de peur des représailles.
"Crimes de guerre"
Officiellement, l'Azerbaïdjan promet la paix et appelle les Arméniens à ne pas "quitter leur foyer", proposant aussi d'organiser une visite de l'ONU sur place. Pourtant, les réfugiés n'y croient pas : ils affirment que Bakou ne veut pas de témoins, parlent d'arrestations illégales.
Des décapitations, des démembrements sont aussi évoqués. Les horreurs commises par les soldats azerbaïdjanais sur les soldats arméniens sont connues. En 2020, lors de la précédente guerre, Amnesty International avait enquêté et publié un rapport détaillé : profanations de cadavres, perversité, humiliations... Des "crimes de guerre", concluait l'ONG, perpétrés aussi par les forces arméniennes, à l'égard des soldats de Bakou.
Alors, un génocide est-il en cours ? "Oui, sans aucun doute", concluait cet été Luis Moreno Ocampo, ex-procureur de la Cour Pénale Internationale, en s'appuyant sur le blocus imposé par l'Azerbaïdjan, qui privait de fait les habitants du Haut-Karabakh de nourriture. "La famine comme arme invisible du génocide", écrivait-il alors.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.