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Ebola : "Les habitants ne se serrent plus la main" en Sierra Leone

Dépassés par l’ampleur du virus, les quatre pays africains touchés par l’épidémie attendent la visite du coordinateur de l’ONU en tournée depuis jeudi dans la région. Journaliste à l’AFP, Samir Tounsi était en Sierra Leone où comme au Liberia, la transmission reste très élevée.
Article rédigé par Justine Cohendet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Des agents de santé se préparent à récupérer un cadavre à Monrovia, au Liberia le 17 août. © Reuters / Stringer)

La Sierra Leone, le Liberia, la Guinée et le Nigeria se retrouvent de plus en plus isolés. Jeudi, l’Afrique du Sud a annoncé la fermeture de ses frontières aux voyageurs en provenance de ces quatre pays. Sur place, l’épidémie semble difficilement contrôlable et les autorités dépassées. Pays le plus touché, le Liberia était le premier à recevoir, jeudi, la visite du coordinateur de l’ONU, Dr David Nabarro. "Face à une calamité de cette ampleur", la Croix-Rouge a jugé nécessaire de confier la coordination de la lutte à une organisation internationale.

 

"D'après notre expérience, dans un tel cas où nous faisons face à une situation de désastre de cette ampleur, nous pensons qu'il est important d'avoir une organisation internationale qui coordonne l'intervention humanitaire concernant la riposte à Ebola ", a indiqué le responsable de la Croix-Rouge libérienne.

 

Symbole de l’ampleur de la crise, l’unique crématorium du pays, situé à Monrovia, la capitale, n’a pas la capacité d’incinérer tous les corps. "Dimanche, nous avons dû en ramener à l'hôpital ELWA " de la capitale, a déclaré Fayah Tamba, le responsable de la Croix-Rouge à la radio.

Au moins 26 nouveaux cas en Sierra Leone depuis le 13 août 

Après le Liberia, le coordinateur de l’ONU se rendra dans les prochains jours à Freetown, Conakry et Abuja. En Sierra Leone, la transmission du virus reste élevée avec 26 nouveaux décès en un peu plus d’une semaine.

 

"Les gens ont l’oreille collé à leur transistor de radio parce qu’elle joue un rôle dominant dans la diffusion des informations et la lutte contre la propagation des rumeurs concernant le virus Ebola" , explique, Samir Tounsi, un journaliste à l’AFP qui revient de Sierra Leone.

 

Depuis le 7 août, deux districts de l’Est du pays, Kailahun et Kenema, ont été placés en quarantaine et l’état d’urgence sanitaire a également été déclaré. Dans la capitale, Freetown, le quotidien des habitants est bouleversé, raconte Samir Tounsi. "Oui, il y a une peur. Les habitants ne se serrent plus la main pour éviter tout contact. Il y des bonbonnes d’eau chlorée à l’entrée des bâtiments officiels. Même les adolescents ne peuvent plus jouer au football."

Témoignage Ebola. Samir Tounsi, journaliste à l’AFP, était en Sierra Leone

 "L'épidémie n'est pas seulement une crise de santé publique, mais une crise économique"

 

Le virus Ebola laisse également des traces durables sur l’économie des pays touchés. "L'épidémie n'est pas seulement une crise de santé publique, mais une crise économique (...) qui touche de nombreux secteurs d'activité ", a alerté le président de la Banque africaine de développement (BAD) Donald Kaberuka

En Sierra Leone, les conséquences du virus Ebola risquent d’être dramatiques. "Hier, je parlais avec un directeur des études économiques au ministère de l’Economie. Il me disait qu’ils attendaient cette année une croissance de 14% et que s’ils avaient 7% ce serait bien" , explique Samir Tounsi. "Les dépenses pour faire face à Ebola vont exploser et le pays ne s’en sortira pas, dans ces conditions, sans une aide internationale, m'a expliqué le directeur ."

 

L'épidémie a fait au moins 1.350 morts, dont 576 au Liberia, 396 en Guinée et 374 en Sierra Leone, selon le dernier bilan de l'OMS, arrêté au 18 août. Jeudi, l’organisation Samaritan’s Purse a annoncé que deux Américains, traités par un sérum expérimental, avaient été guéris.

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