"Pars, pars !" : des dizaines de milliers de Biélorusses défilent contre leur président, l'un des plus grands rassemblements d'opposition de l'histoire du pays
De plus en plus isolé depuis sa réélection, Alexandre Loukachenko a rejeté dimanche l'idée d'organiser un nouveau scrutin, que demandait l'opposition.
C'est l'un des plus grands rassemblements d'opposition de l'histoire de la Biélorussie : des dizaines de milliers de personnes se sont réunies dans les rues de la capitale Minsk, dimanche 16 août, pour exiger le départ du président Alexandre Loukachenko, confronté à un immense mouvement de protestation depuis sa réélection il y a une semaine. "Justice !", "Pars !", scandaient les protestataires à l'attention du dirigeant. Après avoir marché le long de l'avenue de l'Indépendance, près de 100 000 personnes, selon des journalistes de l'AFP, se sont ensuite réunies autour d'un monument dédié aux victimes de la Seconde guerre mondiale.
#Bélarus : marée humaine à Minsk. Plus de 50.000 personnes seulement 2h après le début de la manifestation pour la nouvelle élection libre et transparente. #Bélarus #Biélorussie pic.twitter.com/XzQt9LyF3N
— Andreï VAITOVICH (@andreivaitovich) August 16, 2020
"Jamais les Bélarusses ne s'étaient unis comme ça. C'est la fête de la Liberté", résume Iouri Sanko, un prêtre catholique venu rejoindre la foule après une messe. "J'ai attendu 30 ans que le Bélarus devienne libre. On va chasser les bourreaux qui sont au pouvoir", ajoute un homme de 65 ans, sous couvert d'anonymat.
Portant des fleurs et des ballons, vêtus de blanc, les manifestants étaient réunis au milieu des chants et des klaxons. Certains portaient un gigantesque drapeau blanc et rouge, les couleurs de l'opposition. Répondant à l'appel de Svetlana Tikhanovskaïa, la principale rivale d'Alexandre Loukachenko à la présidentielle, les Biélorusses ont également manifesté dans les principales villes du pays et dans de plus petites communes.
Pas de nouvelle élection
Avant le début de la marche de l'opposition à Minsk, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans, a fait une apparition surprise sur la place de l'Indépendance, devant plusieurs milliers de ses soutiens. "Je vous ai appelés ici non pas pour que vous me défendiez mais parce que, pour la première fois en un quart de siècle, vous pouvez défendre votre pays et son indépendance", a-t-il lancé, sous les ovations.
Le président, âgé de 65 ans, a aussi rejeté la demande de l'opposition d'organiser une nouvelle élection présidentielle, après celle du 9 août qui l'a donné vainqueur avec 80% des voix mais a suscité des accusations de fraudes massives. "Si nous faisons ça, nous partirons en vrille et nous n'en reviendrons jamais", a-t-il prédit, face à ses partisans agitant le drapeau officiel rouge et vert, hérité de la période soviétique.
S'exprimant depuis une tribune, non loin de gardes du corps, Alexandre Loukachenko a dénoncé la volonté, selon lui, d'imposer au pays "un gouvernement depuis l'étranger". Près de lui se tenait son fils cadet, Nikolaï Loukachenko, parfois présenté comme son successeur potentiel.
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