Enlèvement des trois Israéliens : deux Palestiniens tués cette nuit

Mahmoud Abbas demande des explications à Israël après la mort, ce dimanche, de deux jeunes Palestiniens tués par des soldats israéliens en Cisjordanie, dans le cadre de l'opération lancée après l'enlèvement de trois adolescents Israéliens.

Dans une interview donnée au journal israélien Haaaretz, le président de l'Autorité palestinienne demande : "Qu'a à dire Benjamin Netanyahu sur ces meurtres ? Est-ce qu'il les condamne ? Regardez ce qui 'est passé en Cisjordanie ces derniers jours, la violence et les maisons détruites. Est-ce justifié ? " Mahmoud Abbas, qui a condamné l'enlèvement il y a dix jours des trois adolescents près de Hébron, rajoute : "J'ai dit que l'enlèvement était un crime, mais est-ce que cela justifie le meurtre d'adolescents palestiniens de sang froid  ? "

Au moins quatre morts en une semaine

L'une des deux victimes de cette nuit, un homme de 26 ans, a été tué alors qu'il se rendait à la mosquée du camp de réfugiés d'El Ein, à Naplouse. L'armée israélienne, qui confirme avoir tiré sur un suspect, explique qu'il se serait approché de ses soldats "de façon menaçante ". Le second a été touché par des balles dans des heurts avec les forces israéliennes qui ont fait cinq blessés, à l'entrée de Ramallah. Il est mort sur le chemin de l'hôpital. L'armée israélienne dit ne pas avoir connaissance de ces incidents.

Ces deux nouveaux décès portent à quatre le nombre de Palestiniens tués en une semaine en Cisjordanie. Un cinquième, grièvement blessé à la tête lors de heurts avec l'armée israélienne dans un camp de réfugiés, se trouve dans un état de mort clinique.

Plus de 340 Palestiniens arrêtés

Depuis l'enlèvement, les forces israéliennes se sont engagées dans une vaste opération qui vise à localiser les trois jeunes, mais aussi à démanteler le Hamas en Cisjordanie, tenu pour responsable du kidnapping.

Il s'agit du déploiement de forces le plus important en Cisjordanie depuis la fin de la 2e intifada en 2005. Plus de 340 Palestiniens ont déjà été arrêtés, dont une majorité de membres du Hamas. 51 d'entre eux faisaient partie du millier de membres du Hamas libérés en 2011 dans un échange contre le soldat israélien Gilad Shalit, alors détenu par le Hamas depuis cinq ans.

Dans la nuit de samedi à dimanche, Tsahal annonce avoir mené des "opérations de grande envergure et des collectes de renseignements ". En plus de l'arrestation de six suspects, l'armée a fouillé plus de 300 sites et inspecté des organismes financés par le Hamas. Parallèlement à ces opérations au sol, l'aviation israélienne a frappé dans la nuit des cibles dans le sud et le centre de la bande de Gaza, après que trois roquettes se sont abattues samedi soir dans le sud d'Israël.

Une coopération inédite qui crée des tensions

Malgré le discours de Mahmoud Abbas, qui condamne les meurtres des Palestiniens, les recherches pour retrouver les trois Israéliens ont mené à une coordination sécuritaire inédite entre l'Autorité palestinienne et Israël. Une coordination qui a conduit a des dissensions au sein du gouvernement d'unité palestinien : il est composé de membres du Hamas, qui critiquent violemment la coopération avec Israël et les propos de Mahmoud Abbas condamnant le kidnapping, ainsi que de membres de l'Organisation de libération de la Palestine, dont Abbas est le dirigeant.

Cette coopération a provoqué ce dimanche une manifestation contre la police palestinienne à Ramallah. Des postes de la police palestinienne ont notamment été visés par des jets de pierre.

Avertissant que les opérations israéliennes plaçaient ses territoires  "au bord de l'explosion ", l'Autorité palestinienne compte demander une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies.