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A la marche contre la vie chère, des revendications écologiques et sociales pour dénoncer "la même exploitation de la planète et des êtres humains"

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés à Paris à l'appel de la Nupes pour marcher "contre la vie chère et l'inaction climatique". Franceinfo a rencontré plusieurs participants et participantes, tous concernés par la question du climat. Reportage. 

Article rédigé par franceinfo, Lola Scandella
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des milliers de personnes se sont rassemblées le 16 octobre 2022 à Paris pour une marche "contre la vie chère et l'inaction climatique", à l'appel des partis de gauche.  (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS / AFP)

"J'espère que cette fois-ci, des choses vont bouger." Dans une rame bondée de la ligne 2 du métro, à Paris, un jeune homme discute avec une jeune femme en attendant d'arriver à Nation, le terminus. Comme les autres manifestants rassemblés dans la capitale dimanche 16 octobre, ils répondent à l'appel de la gauche, réunie sous la bannière de la Nupes, pour marcher "contre la vie chère et l'inaction climatique". Selon le comptage du cabinet Occurrence réalisé pour un collectif de médias, dont franceinfo, ils sont 29 500 à s'être mobilisés dimanche, un chiffre proche de celui de la police (30 000) mais bien en deçà de celui revendiqué par les organisateurs (140 000).

Sur la place de la Nation, un peu avant le départ de la marche, de petits groupes militants hétéroclites se rassemblent et les pancartes fleurissent dans la foule. "L'écologie sans social, c'est du jardinage", résume sur un écriteau Anne, professeure d'histoire-géographie venue de Saône-et-Loire, et militante au sein de La France insoumise (LFI). "Nous dénonçons aujourd'hui une même exploitation de la planète et des êtres humains", précise-t-elle, les yeux souriants derrière de grandes lunettes rondes. 

"La planète craque et notre modèle social ne tient plus"

Augmentation des salaires, abandon par le gouvernement de la réforme des retraites, mais aussi taxation des superprofits, amorce d'un virage écologique… Pour les manifestants interrogés par franceinfo, toutes ces revendications sont liées. "La planète craque et notre modèle social ne tient plus, nous sommes arrivés au bout d'un certain mode de production capitaliste", fait valoir Virginie, ouvrière agricole, en finissant un sandwich en marge du cortège. Avec Fabien, enseignant, qui l'accompagne en ciré jaune, ils sont venus à Paris "pour la première fois dans le cadre d'une manifestation". Avant, ils participaient aux rassemblements des "gilets jaunes" à Saint-Etienne (Loire), où ils résident.

Aujourd'hui, ils ont fait le déplacement. "C'est un signal, estime Fabien. On espère que si on est nombreux aujourd'hui, cela donnera la force à d'autres de se mobiliser." Le jour choisi pour la tenue de la marche, un dimanche, leur a permis de venir sans devoir renoncer à un jour de salaire, dans un contexte de "fins de mois difficiles". "Ma mère a 80 ans, elle a cru au libéralisme toute sa vie. Aujourd'hui, avec l'augmentation des prix du bois de chauffage, elle n'arrive plus à acheter de quoi nourrir son poêle", lâche Fabien, pointant deux victimes du système qu'il dénonce : "La planète et les classes populaires." Avec Virginie, ils espèrent que le mouvement amorcé ce dimanche prendra de l'ampleur. "Je place beaucoup d'espoir en la jeune génération pour faire changer les choses", confie l'ouvrière.

L'écologie au cœur d'une partie des revendications

Une jeune génération présente dans le cortège et très concernée par la question climatique. En guise de drapeau, certains brandissent des couvertures de survie. "Dans cinquante ans, c'est nous qui allons vivre les conséquences du réchauffement climatique", souligne Lisa, étudiante en master de communication, habituée des manifestations pour le climat. "Les changements à venir soulèvent des questions sociales : leurs effets sur la santé publique, les inégalités toujours plus grandes entre les pays du Nord et les pays du Sud", détaille son amie Diane, étudiante en histoire de l'art. "Avec l'été caniculaire qu'on vient de passer, les pénuries qu'on est en train de vivre… Les gens sont en train de réaliser que cela n'arrive pas qu'aux autres", espère Lisa.

Les revendications sociales exprimées pendant la marche les ont aussi motivées à se déplacer. "Déjà qu'on se prépare à galérer lorsqu'on entrera sur le marché du travail, autant essayer de faire bouger les choses maintenant", ajoute la jeune femme. Avec un salaire d'alternante, elle explique pudiquement avoir pris l'habitude "depuis plusieurs années" de faire ses courses "dans les endroits les moins chers" et de s'habiller "avec des vêtements de seconde main". Elle explique vouloir se battre également pour ses parents, aides-soignants, touchés de plein fouet par l'inflation et la hausse des prix de l'énergie. "Ils sont presque plus précaires que moi", souffle-t-elle. 

Se mobiliser "avant qu'il ne soit trop tard"

La question écologique et le rapport au temps, forcément compté, qu'elle induit semblent infuser parmi les manifestants. "J'espère que des gens vont encore arriver. Si on ne se mobilise pas maintenant, après, ce sera trop tard", glisse une manifestante, le nez dans le col de sa doudoune noire, au début du rassemblement.

Au milieu du cortège, Robin, 36 ans, ingénieur en mathématiques, est venu avec sa fille de deux mois, qui somnole dans une poussette. "C'est sa première manif'", sourit cet habitant de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Séduit par la proposition "d'une alliance de réponses écologiques et sociales", il s'est déplacé avec l'espoir que le mouvement "puisse donner un poids politique à l'opposition de gauche". Le jeune homme affirme par exemple être favorable à un rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune ou à une taxation des superprofits. "Total abuse, nous, on déguste", lui fait écho une banderole un peu plus loin dans le cortège, en référence aux profits records récemment enregistrés par le géant pétrolier.

Sur une enseigne immobilière, quelqu'un a collé une affiche : "Grévistes, on est avec vous !" Alors qu'une grève paralyse actuellement les raffineries de TotalEnergies pour une augmentation des salaires, et qu'une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle est d'ores et déjà prévue mardi 18 octobre, la marche fait écho à ce début de contestation. "Soutien aux raffineurs", peut-on lire çà et là sur des écriteaux et des tracts. Au niveau de la tête du cortège, une banderole affiche en lettres colorées : "Canicule sociale, le peuple a soif de justice." Comme un résumé de la mobilisation du jour.

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