: Info franceinfo En 2024, 268 jours ont été plus chauds que par le passé en France, un chiffre souvent bien plus important dans les outre-mer
L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde par rapport à l'ère pré-industrielle, selon l'observatoire européen Copernicus, et la France a suivi cette tendance globale. En Corse et dans l'Hexagone, si l'on compare les températures à celles du passé, 268 jours ont été plus chauds, a calculé franceinfo d'après son tableau de bord quotidien sur la météo et le climat basé sur les données de Météo-France. Il a donc fait plus chaud 73% du temps qu'entre 1971 et 2000, période lors de laquelle la pression exercée par l'homme sur le climat ne se faisait pas encore ressentir en France. La station de Nice (Alpes-Maritimes) détient le record du nombre de jours plus chauds, avec 308 journées dans le rouge.
Ces 365 derniers jours s'inscrivent dans la courbe de hausse des températures entamée depuis des décennies, due notamment à la combustion des énergies fossiles. "L'année 2024 est l'une des cinq années les plus chaudes en France. On est bien sur la tendance du réchauffement climatique", a confirmé la PDG de Météo-France, Virginie Schwarz, à l'occasion de la présentation du bilan climatique de l'année. La moitié est a été "exceptionnellement chaude", est venu compléter le climatologue Matthieu Sorel. Fait remarquable : la barre des 40°C a été franchie plusieurs fois dans la moitié sud.
Des anomalies plus fréquentes en outre-mer
A l'occasion d'une mise à jour du tableau de bord et pour replacer la météo du quotidien dans le réchauffement climatique global, franceinfo a intégré les outre-mers. Et le constat est souvent le même. Plus de 85% des jours de l'année ont été plus chauds que par le passé dans les territoires ultramarins suivant : l a Guyane, Mayotte, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Pierre-et-Miquelon et la Réunion. Quatre stations – celles de Matoury et Maripasoula (Guyane) du Lamentin (Martinique) et de Pamandzi (Mayotte) – n'affichent même presque que des jours plus chauds. Celle des Abymes (Guadeloupe) a de son côté enregistré la 2e année la plus chaude depuis les 70 dernières années, relève Météo-France.
Les causes de ce réchauffement dans les territoires d'outre-mer sont multiples, de par leur localisation éclatée à travers le globe. Pour la Guyane, située en Amérique du Sud, "le réchauffement est plus fort sur les continents que sur les océans", évoque Ali Belmadani, climatologue spécialiste des outre-mers à Météo-France. D'autres îles, proches des côtes, sont aussi sous influence continentale.
Souvent plus nombreuses dans les outre-mer, les anomalies chaudes montent en revanche moins haut que dans l'Hexagone. Trois quarts des journées se sont cantonnées sous les +2,5°C, tandis que dans l'Hexagone, ce même chiffre grimpe à +4,8°C. "L'amplitude des températures est très faible entre les tropiques. On observe peu de variation", décrit Matthieu Sorel. La multiplication de ces anomalies chaudes, mêmes faibles, n'en est pas moins inquiétante : "Les organismes sont plus sensibles à ces faibles variations. Deux degrés de plus, ça va tout de suite générer un stress plus important", dépeint Ali Belmadani, qui ajoute que la chaleur dans les outre-mers se conjugue souvent avec l'humidité.
"Le changement climatique dans les petites îles ne se résume pas à la hausse des températures", tient aussi à souligner Ali Belmadani. Ces territoires ont subi, en 2024, une conjonction d'aléas climatiques, tel que le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, la sécheresse exceptionnelle en Martinique, ou encore le passage meurtrier du cyclone Belal à La Réunion.
Des catastrophes naturelles qui se multiplient
La hausse des températures globale a aussi eu de graves conséquences dans l'Hexagone et en Corse. L'année 2024 a été marquée par une kyrielle de crues et d'inondations, phénomènes naturels accentués par le réchauffement climatique. "2024 a été une année pluvieuse, parmi les 10 années les plus pluvieuses à l'échelle nationale, avec 15% de pluie de plus que la normale", a relevé Virginie Schwarz. Tout le pays a reçu un excédent de pluie, à l'exception de deux départements : les Pyrénées-orientales, où le déficit est encore de 10%, et l'Aude, où il est de 20% sur l'année.
"Il y a eu une succession d'épisodes pluvieux remarquables. (...) Une partie d'entre eux ont été particulièrement intenses."
Virginie Schwarz, PDG de Météo-Francelors d'une conférence de presse
En janvier et février, des pluies diluviennes ont très longuement fait déborder les cours d'eau du Pas-de-Calais et du Nord. En mars, la tempête Monica, intensifiée par le changement climatique, a fait de nombreux dégâts dans le Sud-Est. En avril et mai, c'était au tour du bassin de l'Yonne, puis de rivières en Moselle, Bas-Rhin, Mayenne, Maine-et-Loire de sortir de leur lit. En juin, des crues torrentielles ont dévasté le hameau de la Bérarde (Isère). En septembre, le sanctuaire de Lourdes (Hautes-Pyrénées) et la vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques) ont été frappés par des crues express. En octobre, la dépression Kirk, "exacerbée" par le changement climatique selon Climameter, puis un épisode cévenol ont provoqué de nombreuses inondations dans le pays. Le département de l'Ardèche a été particulièrement touché par ce dernier épisode.
Cet été, le pays a également subi plusieurs vagues de chaleur, rappelle Météo-France. "Les températures atteintes en juillet auraient été pratiquement impossibles si les humains n’avaient pas réchauffé la planète en brûlant des combustibles fossiles", a par exemple établi le réseau de scientifique du World Weather Attribution, ajoutant que les températures auraient été "de 3°C plus froide dans un monde sans changement climatique". La saison a aussi été l'occasion de feux de forêts, dans l'Hérault mi-août, ravageant 350 hectares de pinède, ou les Pyrénées-orientales, en septembre, avec 400 hectares partis en fumée dans le massif des Aspres. Ce dernier département a par ailleurs été le théâtre d'une sécheresse inédite, commencée deux ans plus tôt.
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