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Déchets nucléaires à Bure : les partisans du projet remportent (de justesse) une victoire politique

Suspendue par le tribunal administratif, la cession du Bois-Lejuc à l'Agence nationale de gestion des déchets nucléaires a été confirmée par le conseil municipal de Mandres-en-Barrois.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La barricade nord du Bois-Lejuc (Meuse), le 1er avril 2017. (THOMAS BAIETTO / FRANCEINFO)

Des gendarmes, des jets de projectiles, des tambours... Dans des conditions peu ordinaires pour un village de 120 habitants, le conseil municipal de Mandres-en-Barrois (Meuse) a confirmé jeudi 18 mai, par un vote très serré, la cession du Bois-Lejuc à l'Agence nationale de gestion des déchets nucléaires (Andra). Une victoire pour les partisans du projet d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure (Cigéo).

Franceinfo fait le point sur ce dossier épineux.

Pourquoi ce bois est-il stratégique ?

Depuis l'été 2016, le Bois-Lejuc est la ligne de front de la bataille contre le projet Cigéo. La "poubelle nucléaire", que veut construire l'Andra pour enfouir les déchets produits par les centrales françaises, ne sera visible en surface qu'à deux endroits : la "descenderie" de Saudron (Haute-Marne), pour acheminer les déchets, et la "zone puits" du Bois-Lejuc, pour les hommes et le matériel.

En juin 2016, l'Andra a commencé à défricher la forêt pour la ceindre d'un mur de béton. Des travaux préparatoires qui ont provoqué la colère des opposants, qui ont investi le bois et lancé une véritable guérilla judiciaire pour bloquer l'avancée des travaux. Ils ont remporté plusieurs victoires, comme la suspension du défrichage en août 2016 et de la cession du bois à l'Andra en février 2017.

Pourquoi ce nouveau vote ?

C'est cette dernière décision qui a provoqué le vote du 18 mai. Le tribunal administratif de Nancy (Meurthe-et-Moselle), qui a suspendu la cession pour vice de forme, avait en effet laissé quatre mois à la commune de Mandres-en-Barrois pour régulariser la situation, en votant une nouvelle délibération. C'est désormais chose faite, à une courte majorité (6 voix pour, 5 contre). Le Bois-Lejuc est donc bien propriété de l'Andra.

Comment ont réagi les opposants ?

Une centaine de militants selon les organisateurs, une soixantaine selon la préfecture, s'étaient rassemblés devant la mairie pour dénoncer "une mascarade démocratique sous surveillance policière". "Mandres, village à vendre", "le nucléaire, non merci", pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles des antinucléaires, qui ont appelé le maire à démissionner. 

Les gendarmes ont essuyé des jets de projectiles et ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. "A l'issue de la délibération (...) des menaces ont été proférées par des opposants. Les élus du conseil municipal ont dû être escortés pour regagner leur domicile", a indiqué la préfecture. Joints par l'AFP, les opposants ont affirmé avoir été repoussés manu militari par les forces de l'ordre qui auraient aussi fait usage de matraques.

Sur le fond du dossier, le réseau Sortir du nucléaire a dénoncé "un simulacre de démocratie". Le réseau, qui salue "le courage de de ceux qui ont osé voter contre l'échange", estime que plusieurs membres du conseil "n'auraient pas dû prendre part au vote". Il accuse "cinq membres du conseil municipal, le maire en tête", d'être "en situation de conflit d'intérêts en raison des liens directs et indirects qu'ils entretenaient avec l'Andra".

Quel avenir pour le projet ?

Les opposants ne baissent pas les bras. Ils entendent déjà attaquer la décision municipale en justice. "La guérilla juridique continue", a indiqué l'un d'entre eux à l'AFP. "Ce vote ne change rien à la détermination des opposants", a martelé Sortir du nucléaire. Une autre décision judiciaire, sur le défrichement du bois, est attendue le 22 mai. La récente découverte d'espèces protégées dans le bois pourrait leur permettre d'ouvrir un nouveau front.

Dans l'immédiat, l'Andra ne peut pas, de toute façon, reprendre les travaux. Le Bois Lejuc est occupé depuis l'automne par les opposants, qui y ont construit cabanes et barricades. Il faudra donc les déloger avant d'entamer quoi que ce soit. Avec Notre-Dame-des-Landes ou Fessenheim, Bure est l'un des dossiers brûlants sur le bureau du nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot.

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