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Soulèvements de la Terre : "La justice a rappelé à l'ordre le gouvernement qui utilise des leviers disproportionnés, voire illégaux contre les militants écologistes", se réjouit une association

Dans son arrêt, le Conseil d'Etat estime que la dissolution du mouvement "ne constituait pas une mesure adaptée, nécessaire et proportionnée à la gravité des troubles susceptibles d'être portés à l'ordre public".
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans une manifestation de soutien aux Soulèvements de la Terre, le 19 avril 2023 à Paris. (MOHAMMED BADRA / EPA VIA MAXPPP)

"On ne dissout pas un soulèvement" : comme Attac, jeudi 9 novembre, de nombreuses voix se sont félicitées de l'annulation de la dissolution des Soulèvements de la Terre. Le Conseil d'Etat a en effet infligé un camouflet au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en annulant sa décision, annoncée en juin, de dissoudre le collectif écologiste. "Aucune provocation à la violence contre les personnes ne peut être imputée aux Soulèvements de la Terre", a tranché la plus haute juridiction administrative française, confirmant ainsi une première décision rendue en août en référé. 

"C'est une grande victoire pour l'Etat de droit", s'est ainsi réjouit, sur son compte X, La France insoumise, quand, chez les Verts, la députée Sandrine Rousseau a fait part de sa joie, tout comme le sénateur Yannick Jadot : "On ne dissout pas un soulèvement ! Excellente nouvelle pour l’Etat de Droit !" Greenpeace France parle d'une "excellente nouvelle pour les libertés publiques". Enfin, les Soulèvements de la Terre écrivent de leur côté "Cheh" en interpellant le ministre de l'Intérieur, sur X. 

Dans son arrêt, le Conseil d'Etat estime que le collectif s'est bien livré "à des provocations et à des agissements violents à l'encontre des biens" notamment à l'occasion de la manifestation en mars contre la construction de retenues d'eau à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), mais la dissolution "ne constituait pas une mesure adaptée, nécessaire et proportionnée à la gravité des troubles susceptibles d'être portés à l'ordre public". 

Jeremy Suissa, délégué général de l'association "Notre affaire a tous", mobilisée pour la lutte contre le changement climatique, y voit là la tendance répressive du gouvernement sanctionnée : "On voit que la justice, aujourd'hui, rappelle à l'ordre le gouvernement qui, très clairement, utilise des leviers qui sont disproportionnés, voire illégaux, contre les militants écologistes", se félicite-t-il sur franceinfo.

"Malgré la menace de dissolution, nous avons été à chaque fois plus nombreux"

Avec cette affaire, le ministre de l'Intérieur a polarisé le débat, mais a aussi renforcé les Soulèvements de la Terre. La dernière mobilisation, il y a quelques semaines contre l'A69, a été un succès, réunissant plusieurs milliers d'opposants à cette autoroute entre Castres et Toulouse.

"Depuis mars 2023, 150 000 personnes se sont déclarées comme parties prenantes de ce mouvement et ont assumé de dire 'Nous sommes les Soulèvements de la Terre'. 200 comités locaux ont été créés partout en France. Toutes les actions qui étaient initialement prévues ont eu lieu, malgré la menace de dissolution, et nous avons été à chaque fois plus nombreux et nombreuses contre les bassines, contre l'autoroute Castres-Toulouse et dans bien d'autres actions encore", souligne Joan, un pilier des Soulèvements de la Terre.

Aujourd'hui, le mouvement est aussi connu que les grandes ONG et est devenu un partenaire-clé des mobilisations écologistes. 

Soulèvements de la Terre : la satisfaction d'associations écologistes après l'annulation de la dissolution du mouvement au micro d'Etienne Monin

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