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Pakistan : ce que l'on sait des inondations dévastatrices qui ont fait au moins 1 136 morts en trois mois

Les pluies torrentielles de mousson qui ravagent le pays depuis juin touchent plus de 33 millions de personnes, soit un Pakistanais sur sept. Le dérèglement climatique contribue à l'ampleur de la catastrophe.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des personnes touchées par les inondations dans la région de Swat, dans le nord du Pakistan, le 27 août 2022. (ABDUL MAJEED / AFP)

De l'eau à perte de vue, un bilan macabre qui ne cesse de s'alourdir et des millions de vie bouleversées. Le Pakistan est touché depuis trois mois par des pluies de mousson torrentielles qui ravagent tout. Plus de 33 millions de personnes, soit un Pakistanais sur sept, sont touchées et un tiers de ce pays d'Asie du Sud est sous les eaux. La ministre locale du Changement climatique, Sherry Rehman, a évoqué une "crise aux proportions inimaginables". Franceinfo fait le point sur cette catastrophe en cours.

>> EN IMAGES. Au Pakistan, les pluies de mousson font plus de 1 000 morts et ravagent des régions entières

Une mousson historique s'abat sur le pays depuis trois mois

Depuis le mois de juin, le pays est touché par de très fortes pluies de mousson, "sans précédent depuis trente ans", selon le Premier ministre, Shehbaz Sharif. La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle à l'irrigation des plantations et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien, mais ses conséquences s'avèrent dramatiques cette année. Les régions du Nord et du Sud sont particulièrement touchées. Par ailleurs, l'Indus, le principal fleuve du pays, est en crue et menace de sortir de son lit.

Des personnes marchent dans les rues inondées, le 27 août 2022 dans la région de Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord du Pakistan. (HUSSAIN ALI / AFP)

La ministre du Changement climatique, Sherry Rehman, a évoqué une "crise aux proportions inimaginables", et les autorités attribuent l'intensité de ces intempéries au changement climatique. Le pays a aussi été touché en avril et mai par une forte vague de chaleur (51 degrés enregistrés à Jacobabad, au centre du Pakistan) et une sécheresse, qui ont des conséquences négatives sur la perméabilité des sols, favorisant par la suite le ruissellement des eaux de pluie.

Dans leur dernier rapport (en anglais), les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur le Climat (Giec) notent que le réchauffement climatique augmente les risques d'inondations dans les régions de mousson.

Le bilan humain s'élève à au moins 1 136 morts

Au moins 1 136 personnes, dont 75 ces dernières 24 heures, sont mortes depuis le début de la mousson en juin, selon l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA). Plus de 33 millions de personnes, soit un Pakistanais sur sept, sont également affectées par ces moussons qui ont causé d'immenses inondations dans le pays : un tiers du Pakistan est sous les eaux, selon la ministre du Changement climatique.

Pour illustrer la gravité de cette catastrophe, la ministre du Changement climatique a annoncé que ces intempéries étaient pires encore que celles de 2010, année au cours de laquelle 2 000 personnes avaient été tuées et près d'un cinquième du Pakistan submergé.

"Nous sommes habitués chaque année à la mousson, mais n'avons jamais rien vu de tel. Cela a été huit semaines d'averses constantes", a expliqué dans un entretien à l'AFP Sherry Rehman, qui parle d'un "film dystopique".

Face aux nombreux dégâts matériels, l'état d'urgence a été décrété

Au-delà du drame humain, ces moussons bouleversent totalement le paysage local. "Tout n'est qu'un grand océan, il n'y a pas d'endroit sec d'où pomper l'eau", a déploré la ministre du Changement climatique. Près d'un million de maisons ont ainsi été détruites ou gravement endommagées, selon le gouvernement.

Une vue aérienne dans la région du Balouchistan, dans le sud-ouest du Pakistan, le 29 août 2022. (FIDA HUSSAIN / AFP)

La NDMA a elle affirmé que plus de 80 000 hectares de terres cultivables avaient été ravagés et plus de 3 400 kilomètres de routes et 157 ponts avaient été emportés par les eaux, ce qui entrave les opérations de secours. Selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), plus de trois millions de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile, alors qu'au moins 710 000 animaux d'élevage sont morts. Le gouvernement a déclaré l'état d'urgence.

Un appel d'aide à la communauté internationale a été lancé

Avec l'aide des Nations unies, le gouvernement pakistanais a lancé, mardi 30 août, un appel urgent aux dons de 160 millions d'euros afin de venir en aide aux victimes et aux déplacés. Cette manne financière doit permettre de financer un plan d'urgence pour les six prochains mois.

Une distribution de nourriture pour les sinistrés, le 29 août 2022 à Dera Ghazi Khan, dans le centre du Pakistan. (SHAHID SAEED MIRZA / AFP)

Le ministre de la Planification et du Développement, Ahsan Iqbal, a, lui, déclaré que son pays aurait besoin de plus de dix milliards d'euros pour réparer les dégâts à la suite des inondations. Samedi, le président Emmanuel Macron avait annoncé que "la France [était] prête à apporter son aide" au pays sinistré.

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