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Glyphosate : comment la position d'Emmanuel Macron a évolué sur son interdiction

La Commission européenne a proposé de reconduire l'autorisation du glyphosate pour dix ans. Le président de la République, qui avait affiché sa volonté d'interdire ce pesticide controversé, a depuis évolué sur la question.
Article rédigé par franceinfo - Caroline Félix
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Emmanuel Macron et Nicolas Hulot, l'ex-ministre de la Transition écologique, lors d'une visite à Plévenon-Cap-Fréhel (Côtes d'Armor), le 20 juin 2018. (FRED TANNEAU / AFP)

La Commission européenne a proposé mercredi 20 septembre de reconduire l'autorisation du glyphosathe, un herbicide controversé, pour dix années supplémentaires. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a rendu un rapport l'été dernier, ne l'estime pas assez dangereux pour justifier une interdiction. Mais cette proposition devra être validée par les représentants des 27 États membres, où la question fait débat depuis de nombreuses années. En France, la position d'Emmanuel Macron a beaucoup évolué sur le sujet. En novembre 2017, le tout récent président de la République tweete avec le hashtag "Make Our Planet Great Again", son slogan écologiste. "J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans", écrit-il. L'objectif, ambitieux, est alors d'arriver à une interdiction du glyphosate en 2021.

>> Glyphosate : la Commission européenne propose de renouveler pour dix ans l'autorisation de l'herbicide dans l'UE

Mais la concrétisation de cette promesse, dans un pays agricole comme la France qui est un gros consommateur de glyphosate, n'est pas si simple. À l'époque, l'Union européenne ne montre d'abord pas la même ambition qu'Emmanuel Macron. L'autorisation actuelle du glyphosate dans l'UE est renouvelée pour cinq ans en 2017, jusqu'en décembre 2022. Mais elle avait été prolongée d'un an dans l'attente d'une évaluation scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments.

Une promesse rapidement enterrée

En France, une guerre d'influence a même opposé deux ministres d'Emmanuel Macron sur la question. En 2017, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, fervent pourfendeur des pesticides, s'oppose à Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture et partisan du glyphosate. Nicolas Hulot connaît un échec en 2018, quand les députés rejettent l'inscription de l'objectif d'interdiction du glyphosate dans la loi. Ce sera l'une des raisons de la démission de l'ex-ministre de la Transition écologique. Il dénonce la pression des lobbies, notamment agricoles, et quitte le gouvernement en août 2018.

Six mois plus tard, Emmanuel Macron finit par enterrer sa promesse pendant le Grand Débat. "Peut-on dire qu'il n'y aura plus de glyphosate dans cinq ans ? C'est impossible. Je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas vrai. Si je vous disais ça, je tue complètement certaines filières", disait-il. "On va continuer à acheter du blé qui sera fait chez le voisin avec du round-up [le produit contenant du glyphosate le plus connu] ou pire, et on aurait dit à nos agriculteurs qu'ils n'ont plus le droit de l'utiliser ?", illustrait le président de la République.

Les regrets d'Emmanuel Macron

Le glyphosate est finalement banni des espaces publics puis des jardins des particuliers en 2019, mais pas pour l'usage agricole. Emmanuel Macron, à la fin de son premier mandat en janvier 2022, enfonce le clou et regrette même d'avoir fait cette promesse sur le glyphosate, dans un entretien au Parisien. "C’est l’erreur que j’ai commise en début de quinquennat : il faut agir sur ces sujets au niveau européen", avoue-t-il. Le président de la République s'en remet donc à l'Union européenne. Reste à voir la position de la France sur cette proposition de la Commission européenne d'autoriser le glyphosate pour dix ans. Stéphane Séjourné, le secrétaire général de Renaissance, a affirmé jeudi 21 septembre sur France Inter qu"à ce stade", la France votera contre.

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