Allemagne : la fin du nucléaire et d'une époque dans le Bade-Wurtemberg
C'était un moment espéré depuis 2011 par Angela Merkel. Après la catastrophe de Fukushima, la chancelière allemande avait déclaré : "Nous voulons que l'énergie du futur soit plus sûre". Son souhait a été acté douze ans plus tard, samedi 14 avril, avec la fermeture des trois dernières centrales nucléaires allemandes. À Neckarwestheim, village au nord de Stuttgart (Bade-Wurtemberg), les habitants oscillent entre regrets et satisfaction, après la fermeture de leur centrale.
Depuis son balcon, Uwe Mundt a le regard qui plonge directement sur la centrale nucléaire, dont un nuage de vapeur s’échappait il y a encore quelques jours de la tour de refroidissement. Pendant 25 ans, le retraité s’est occupé des visites guidées, passant ses journées à expliquer les vertus du nucléaire."Il n’y aurait pas de crise énergétique si nous avions laissé les centrales en service, déclare, amer, Uwe Mundt. J’ai passé ma vie dans la centrale, il n’y a jamais eu de problèmes. Comment on va faire pour l’électricité, avec l’éolien ou le solaire ? Autant que je sache, le soleil ne brille pas la nuit et le vent souffle quand il veut".
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Le village et ses 4 200 habitants ont profité pendant des décennies des taxes versées par la centrale, soit entre cinq et dix d’euros annuels. Des revenus qui ont permis de construire une école, une crèche, une salle de concert, un terrain de golf et même un château. Désormais, Neckarwestheim va devoir apprendre à vivre sans cette manne providentielle. "On avait des taxes peu élevées et les terrains ne coûtaient pas cher, raconte le maire du village, Jochen Winkler.
"On a bien vécu. Et on pouvait dépenser sans compter."
Jochen Winklerà franceinfo
Les dix prochaines années vont être plus difficiles, avance l'édile. Il va falloir faire des choix, des économies et ça va être un énorme défi. On redevient une commune normale qui doit faire attention à son argent ".
Mais dans cette commune de Bade-Wurtemberg, il n'y pas que des regrets. Petra, 58 ans, attendait même la fermeture de la centrale nucléaire avec impatience. Cette professeure d’allemand se dit "infiniment soulagée que l’on arrête enfin la centrale. Nous étions très inquiets parce qu’on a deux enfants". La quinquagénaire tient à rappeler que "depuis Tchernobyl, on sait que c’est une énergie qui comporte beaucoup de dangers et pas tournée vers l’avenir. Nous aurions dû commencer bien plus tôt à réfléchir aux alternatives. Sans les nuages, on va pouvoir recommencer à voir les étoiles".
Une fois démantelée, la centrale pourrait laisser la place à une zone d’activités. Mais pas avant plusieurs années.
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