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Comment la Troïka surveille la Grèce

Athènes aurait embauché 70 000 fonctionnaires depuis 2010, violant les accords conclus avec la Troïka (BCE, FMI, UE). FTVi revient sur les moyens mis en œuvre pour surveiller les finances grecques.

Article rédigé par Isabel Contreras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La Troïka (UE, FMI, BCE) fait un suivi trimestriel du plan de sauvetage grec. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Deux rapports ont tiré la sonnette d'alarme, lundi 25 juin. Signés par la Troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) et le ministère des Finances grec, selon le quotidien grec To Vima, ils révéleraient que le gouvernement d'Athènes a violé les accords avec ses bailleurs de fonds en embauchant 70 000 fonctionnaires en 2010-2011, et 12 000 dans les collectivités locales. L'UE nie l'existence de tels chiffres. Même démenti du côté du ministère des Finances grec. 

Révélation ou scoop bidon ? La question du contrôle des fonds versés par la Troïka aux pays en difficultés se pose. Comment est suivi le plan de sauvetage grec par ses créanciers publics ? 

• Des fonctionnaires européens veillent au grain à Athènes

Le programme d'ajustement signé le 25 mai 2010 stipule que la Cour des comptes grecque "est responsable de la surveillance et de la déclaration des données publiques". 

Ces données sont ensuite transmises à une mission interne composée de fonctionnaires du Conseil européen, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne. Cette cellule fait des recommandations à l'Etat grec et établit des prévisions sur l'état de santé du pays. Elle publie des rapports trimestriels, disponibles sur le site du Conseil européen.

Les fonctionnaires internationaux, installés à Athènes, "sont donc chargés d'analyser toutes ces données et de vérifier que le pays tient ses engagements", assure Connie Lotve, chargée de la communication au Fonds monétaire international. 

• La Troïka rédige des rapports

Pour sa part, la Troïka, dans son dernier rapport officiel daté de mars, n'avance pas de chiffres. Mais elle signale que le gouvernement grec n'a pas appliqué la règle d'un fonctionnaire embauché pour dix départs. "En 2011, les nouvelles embauches ont dépassé le niveau maximum imposé. Le gouvernement s'est engagé à supprimer 150 000 postes de fonctionnaires entre 2011 et 2015. Pour atteindre ce but, il doit strictement appliquer les objectifs d'équilibre entre création et destruction de postes, réduire le nombre d'emplois contractuels, et suspendre les emplois de 15 000 personnes en surnombre avant leur licenciement", ont rédigé les bailleurs de fonds du pays. 

Concernant le fameux rapport publié par le quotidien To Vima, qui révèle que 70 000 fonctionnaires ont été embauchés en Grèce en 2010-2011, la Troïka nie en être à l'origine. Le quotidien de centre-gauche assure pourtant que ce rapport a bien été rédigé par la Troïka "et transmis par une source du ministère des Finances". FTVi a eu accès au document, qui n'est pas signé et ne présente pas de logo officiel. Il est constitué de neuf pages rédigées en anglais. Après une introduction de trois pages, quatre tableaux mettent en évidence les dérives supposées du gouvernement de l'ex-Premier ministre Georges Papandréou en indiquant le nombre de fonctionnaires embauchés dans chaque ministère.

Quant à Amadeu Altafaj-Tardio, porte-parole de la Commission européenne, il réfute avoir eu connaissance du rapport publié par To Vima. Il qualifie même les chiffres qu'il contient de "faux et manipulés". 

• L'Eurogroupe peut bloquer les versements de fonds

Amadeu Altafaj-Tardio est catégorique sur ce sujet. "Si l'Eurogroupe remarque un quelconque problème sur le rapport trimestriel, il peut bloquer le versement de fonds. C'est comme ça que le Grèce pourrait être sanctionnée", a-t-il souligné pour FTVi.

La dernière fois que la Troïka a sanctionné Athènes en retardant un versement remonte aux élections législatives du 6 mai, quand aucune coalition politique n'avait réussi à former une majorité présidentielle.

Après l'élection du conservateur Antonis Samaras au poste de Premier ministre, à l'issue des législatives du 17 juin, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a indiqué que le programme de réformes et de rigueur du pays serait "actualisé".  Le FESF (Fonds européen de stabilité financière) devrait aussi débloquer un milliard d'euros pour la Grèce "d'ici à la fin du mois", a ajouté Juncker.

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