Brexit : ce qui attend Theresa May après le rejet de la motion de défiance
La Première ministre britannique a remporté de peu un vote qui aurait pu la contraindre de démissionner. Mais les défis restent nombreux pour la cheffe du gouvernement, plus fragilisée que jamais.
Elle a failli devoir faire ses valises et quitter le 10 Downing Street. La Première ministre britannique Theresa May a survécu de justesse, mercredi 16 janvier, à une motion de défiance déposée par l'opposition travailliste. Les députés de la Chambre des communes ont exprimé leur confiance dans le gouvernement à 325 voix contre et 306 voix pour.
Un répit pour la cheffe du gouvernement britannique, car ce vote sous tension a eu lieu au lendemain du rejet massif par les députés de l'accord sur le Brexit, qu'elle a négocié depuis près de deux ans avec Bruxelles. Theresa May n'est pas sortie d'affaire pour autant, car elle a jusqu'au 21 janvier pour proposer un plan B aux députés et obtenir une majorité. Voici la liste des défis qui attendent la Première ministre britannique.
Resserrer les rangs avec les pro-Brexit
Ces deux scrutins ont pour conséquence de maintenir Theresa May au 10 Downing Street et de la placer dans l'obligation de trouver un compromis capable de réunir une majorité de parlementaires sur les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Pour cela, elle va devoir regagner la confiance de la centaine de députés de son propre camp qui ont voté contre son projet d'accord, des partisans d'un "Brexit dur".
Theresa May va aussi devoir convaincre ses alliés du petit parti unioniste nord-irlandais DUP, sans qui elle n'a pas la majorité. Ces dix députés sont très farouchement opposés au "filet de sécurité" ("backstop" en anglais), qu'ils accusent de menacer l'intégrité politique et économique du Royaume-Uni.
Cette option de dernier recours prévoit la mise en place d'une union douanière entre le Royaume-Uni et l'UE pour éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, si aucune autre solution n'est trouvée à l'issue de la période de transition, prévue pour durer jusqu'à fin 2020. De nombreux députés britanniques craignent que cela n'arrime leur pays à l'UE indéfiniment.
Plancher sur un plan B avant lundi
Après le rejet de l'accord qu'elle avait négocié avec Bruxelles, Theresa May a jusqu'au lundi 21 janvier pour proposer un plan B aux députés de la Chambre des communes. Initialement, la Première ministre disposait de 21 jours pour revenir devant les élus avec un nouveau plan en cas d'échec. Mais avant même de refuser le texte, les parlementaires avaient voté pour réduire drastiquement ce délai, car ils craignaient que Theresa May ne veuille les mettre au pied du mur pour les obliger à adopter son texte, la date de sortie de l'Union européenne, prévue le 29 mars, se rapprochant à grands pas.
Pour parvenir à ce plan B dans le temps imparti, la Première ministre peut tenter de trouver un nouveau compromis avec les dirigeants de l'Union européenne, mais ceux-ci ont répété à plusieurs reprises qu'ils ne reviendraient pas à la table des négociations. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a répété que l'accord refusé par les députés britanniques était "un compromis équitable et le meilleur accord possible".
Pour progresser dans les discussions, Theresa May pourrait être contrainte de revenir sur les "lignes rouges" qu'elle a elle-même tracées. Elle avait notamment exclu de respecter les conditions d'accès au marché unique européen, qui incluent notamment la libre circulation des personnes, et elle avait exigé de retrouver une liberté commerciale totale. Elle pourrait aussi demander un report de la date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, fixée au 29 mars 2019, ce qu'elle a exclu jusqu'ici.
Trouver un compromis avec l'opposition
Après avoir échappé à la motion de défiance des travaillistes, Theresa May a annoncé qu'elle comptait rencontrer les dirigeants de l'opposition dès mercredi soir, assurant aborder ces rencontres dans un "esprit constructif" et appelant ses opposants politiques à faire de même.
Le leader du Labour, Jeremy Corbyn, a toutefois décliné l'invitation tant que le gouvernement n'exclut pas l'éventualité "catastrophique" d'une sortie de l'Union européenne sans accord. "Le point de départ des pourparlers pour briser l'impasse du Brexit doit être qu'aucun accord n'est retiré de la table", écrit le patron des travaillistes sur Twitter.
Now that Theresa May's botched deal has been decisively rejected, the starting point for talks to break the Brexit deadlock must be that No Deal is taken off the table. pic.twitter.com/io3fRHOznO
— Jeremy Corbyn (@jeremycorbyn) 16 janvier 2019
Les travaillistes continuent de soutenir que la meilleure solution demeure de nouvelles élections législatives. Une option écartée par Theresa May après le scrutin anticipé qu'elle a convoqué en juin 2017 et qui a déjà fait perdre aux conservateurs leur majorité absolue.
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