Cet article date de plus de cinq ans.

"C'est une question de démocratie" : à Londres, plusieurs milliers de Britanniques s'insurgent contre la suspension du Parlement

La décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement jusqu'au 14 octobre, peu de temps avant le Brexit, agite les Britanniques. Plusieurs milliers de citoyens se sont spontanément réunis pour manifester devant la résidence du Premier ministre.

Article rédigé par Antoine Giniaux - Édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des milliers de manifestants se sont rassemblés devant Dowing Street (Londres), le 28 août 2019, pour protester contre la décision de Boris Johnson. (DANIEL SORABJI / AFP)

Devant les grilles de Downing Street, à Londres, un homme enfile un masque à l’effigie de Boris Johnson. "Menteur !" hurle Julie. Cette Londonienne, âgée de 75 ans, ressent "de la colère parce que je pense que Boris Johnson n’écoute pas les gens". Pour elle, cette suspension du Parlement est inacceptable : "On a élu des députés parce qu’on croyait qu’ils allaient nous représenter. Et ils n'ont même pas le droit de parler, alors qu’on traverse une période critique, et qu’on s’achemine probablement vers un Brexit sans accord."

>> Brexit : on vous explique la tempête provoquée par la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement britannique

Dans la foule, les drapeaux européens s’agitent. La plupart des manifestants ont voté contre la sortie de l’Union européenne en 2016, mais c’est surtout la méthode du gouvernement que dénoncent les manifestants. "Que l'on soit pour ou contre le Brexit, ce n'est pas important à ce stade, on en est même plus là. C’est une question de démocratie !", affirme Igor.

C'est tout simplement abject, en arriver là après 300 ans de démocratie parlementaire, c’est scandaleux !

Matthew

à franceinfo

La soirée avance, la foule grossit un peu. Alice, une Française qui travaille depuis cinq ans à Londres, se rassure un peu : "Il faut absolument que ca continue comme ça. La solution, c’est la mobilisation dans la rue".

Reportage à Londres d'Antoine Giniaux

"Le Premier ministre piétine notre démocratie"

"C'est un scandale et une menace pour la démocratie", s'est insurgé Jérémy Corbyn, le chef du Labour, principal parti d'opposition. Il annonce qu'il déposera une motion de censure à l'encontre du Premier ministre. "Suspendre le Parlement n’est pas acceptable. Le Premier ministre piétine notre démocratie, pour imposer une sortie sans accord de l’Union européenne", a-t-il déclaré.

"De quoi a-t-il donc si peur pour suspendre le Parlement et l’empêcher de débattre sur le sujet ?", se demande Jérémy Corbyn, qui ajoute que lorsque le Parlement se réunira très brièvement la semaine prochaine, "la première chose que nous ferons sera d’essayer de légiférer pour l’empêcher de parvenir à ses fins". Le chef du Labour a demandé un entretien à la Reine Elizabeth II, qui a validé la suspension du Parlement.

Une pétition dépasse le million de signatures

Dans la rue et sur Internet. La pétition, mise en ligne sur le site officiel du Parlement, qui demande au gouvernement de renoncer à ses plans, a dépassé dans la soirée du mercredi 28 août le million de signatures.

Le gouvernement devra donc répondre à la pétition, qui a dépassé le seuil des 100 000 signataires à partir duquel a lieu un débat parlementaire, même largement symbolique. Une autre pétition lancée cette année contre le Brexit avait réuni un record de 6,1 millions de signatures, sans pour autant remettre en cause le résultat du référendum de juin 2016.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.