Carte Visualisez jusqu'où pourrait frapper l'armée ukrainienne si elle était autorisée à utiliser des missiles longue portée occidentaux en Russie

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni livrent depuis 2023 à l'armée ukrainienne de telles armes, mais refusent que Kiev les utilise contre le territoire russe.
Article rédigé par franceinfo
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Un soldat ukrainien dans la région de Donetsk, près d'un lance-roquettes RM-70, le 7 août 2024. (DMYTRO SMOLIENKO / AFP)

Des discussions qui pourraient changer le rythme du conflit en Ukraine. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, devait parler, vendredi 13 septembre à Washington, avec le président américain, Joe Biden, de la possibilité d'autoriser Kiev à utiliser des missiles à longue portée contre la Russie. Kiev réclame depuis plusieurs mois à ses alliés la levée des restrictions pour lui permettre de frapper en profondeur sur le sol russe des cibles militaires jugées "légitimes", comme des bases aériennes d'où décollent les avions bombardant l'Ukraine.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni livrent depuis 2023 à l'armée ukrainienne des missiles de longue portée, mais interdisent à Kiev de les utiliser contre le territoire russe. Il s'agit surtout des missiles ATACMS (livrés par les Etats-Unis, certains d'une portée de 300 km), mais aussi des Storm Shadow (envoyés par le Royaume-Uni, d'une portée de 250 km) et des Scalp (venus de France, avec une portée à quelque 250 km). Pour l'instant, ces engins de précision ont par exemple été lancés contre des installations en Crimée.

Pour comprendre les enjeux de cette négociation, il faut observer la carte des bases militaires russes. Fin août, l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un centre de recherche basé aux Etats-Unis, publiait une carte de près de 250 installations militaires russes à la portée des missiles livrés par les Occidentaux. Bases aériennes, équipements de communication, régiments, dépôts pétroliers... Nous avons représenté ces 245 points stratégiques, compilés en source ouverte par le think tank, dans la carte ci-dessous, ainsi que la zone concernée par la portée maximale des missiles ukrainiens.

Pour l'armée ukrainienne, les installations russes les plus stratégiques à détruire pourraient être les défenses anti-aériennes et les bases aériennes, qui apparaissent sur cette carte. Mais aussi les lignes ferroviaires, qui permettent à Moscou d'acheminer le matériel jusqu'aux zones de combat. L'enjeu pour Kiev est de présenter à ses alliés un plan des cibles visées en Russie. Pour l'instant, l'armée ukrainienne ne peut frapper l'intérieur des terres russes qu'avec des missiles de fabrication locale ou des drones. 

Vladimir Poutine a affirmé qu'autoriser l'Ukraine à frapper le territoire russe avec des missiles à plus longue portée signifierait que "les pays de l'Otan sont en guerre contre la Russie". Toute évolution dans les règles devrait entraîner une réponse "appropriée", a ajouté le Kremlin. "Chaque décision de ce type prise par l'Occident est la preuve supplémentaire du caractère justifié, nécessaire et sans alternative de l'opération spéciale" en Ukraine, a tranché mercredi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, selon des propos rapportés par l'AFP.

En juin, Moscou avait déjà pointé du doigt les Etats-Unis, après les tirs de plusieurs missiles ATACMS en Crimée, qui ont fait, selon le gouverneur installé par Moscou, trois morts, dont deux enfants, et une centaine de blessés. "La responsabilité de la frappe de missiles délibérée contre des civils à Sébastopol [ville de Crimée] incombe avant tout à Washington, qui a fourni ces armes à l'Ukraine" ainsi qu'aux autorités de Kiev, avait affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué cité par l'AFP.

En attendant, plusieurs sources militaires américaines anonymes indiquent depuis quelques semaines que l'armée russe redéploie plusieurs installations en dehors du périmètre d'attaque des missiles ukrainiens. Ainsi, "90% des avions pouvant lancer des bombes planantes" en Ukraine depuis l'espace aérien russe ont déjà été déplacés hors de portée de ces tirs, expliquait le 23 août un expert à Politico

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