Crise en Ukraine : "raisonnablement" optimiste, Emmanuel Macron se confie sur sa médiation diplomatique avant sa rencontre avec Vladimir Poutine
Le président français a répondu aux questions des journalistes à bord de l'avion qui le conduisait à Moscou pour un entretien avec son homologue russe au Kremlin, avant de se rendre à Kiev mardi pour y rencontrer le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Après des semaines d'entretiens téléphoniques avec ses homologues, Emmanuel Macron passe à la vitesse supérieure dans son effort diplomatique pour éviter une escalade dans la crise ukrainienne. Le chef de l'état est arrivé à Moscou, lundi 7 février, pour rencontrer Vladimir Poutine.
Le président s'est confié à des journalistes dans l'avion qui l'emmenait en Russie. Il s'est dit "déterminé et lucide" quant à la possibilité de faire baisser la tension aux frontières de l'Ukraine. Il a reconnu ne pas attendre de solution "à court terme". Pour autant, il s'est dit "raisonnablement" optimiste quant à l'issue de cette visite. Voici ce qu'il faut retenir de ses déclarations recueillies par France Télévisions.
Sur les espoirs d'une issue diplomatique
La diplomatie s'active. Avant de rencontrer mardi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, Emmanuel Macron rencontre le président russe pour la première fois depuis la brusque montée des tensions, en décembre. En parallèle, le chancelier allemand, Olaf Scholz, s'est rendu lundi à Washington chez le président américain, Joe Biden, pendant que sa ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, se trouve en Ukraine.
"Celui qui a du jeu, aujourd'hui, c'est Vladimir Poutine", a concédé Emmanuel Macron, appelant à "voir comment on peut réengager quelque chose dans le format Normandie [c'est-à-dire des réunions diplomatiques entre l'Ukraine, la Russie, l'Allemagne et la France] sur la question de l'Ukraine". Sans oublier les autres "cadres" de discussions possibles : "la discussion Etats-Unis-Russie, Otan-Russie, entre autres, OSCE, etc", a listé le président, appelant à "essayer d'avoir un mécanisme de désescalade, et de réengagement réciproque". "C'est de ça dont on va essayer de discuter" avec Vladimir Poutine, a assuré le chef de l'Etat.
Emmanuel Macron a dit ne pas croire qu'il puisse y "avoir de victoire à court terme" dans les négociations, mais que l'important était de "recréer" de la "confiance" avec Vladimir Poutine. "Il faut essayer de lever toutes les incertitudes de part et d'autres et de réduire le champ des ambiguïtés pour voir où sont les points de désaccord et les points de convergence possibles", a-t-il expliqué. Aussi, cet entretien doit permettre "de clarifier les choses en substance et d'essayer de tester des hypothèses."
Sur les demandes de Vladimir Poutine
Dans l'immédiat, "nous avons à construire les termes d'une équation qui rend possible la désescalade sur le plan militaire", a rappelé Emmanuel Macron, lequel a rappelé que 125 000 soldats sont déployés aux frontières de la Russie avec la Biélorussie et l'Ukraine. Ainsi, Vladimir Poutine veut obtenir "un changement profond de la politique de l'Otan, en particulier ce qu'on appelle la politique de portes ouvertes, ce que ne peut pas lui donner l'Otan", à savoir la garantie que l'Ukraine n'entrera pas dans l'Alliance atlantique, rappelle le président français.
"La question de fond (...), qu'il veut rouvrir à un moment où il est dans une position stratégique plus forte qu'il ne l'était il y a quinze ans, est de savoir comment cet espace de sécurité qu'est l'Otan cohabite avec la Russie", selon lui. "Je pense qu'on a sous-estimé le fait que la Russie a changé les termes de l'équation ces derniers mois, déployant des moyens considérables en Biélorussie", a encore commenté le président français, liant la crise ukrainienne à la crise biélorusse. "Il faut aussi bien voir que le sujet est beaucoup plus large. Ce qui se passe en Biélorussie est au moins un sujet de la même importance", a ajouté Emmanuel Macron
Sur le rôle des Etats-Unis
A la veille de son départ pour Moscou, le président français s'est entretenu, dimanche, avec son homologue américain lors d'un échange téléphonique de 40 minutes qui s'inscrit "dans une logique de coordination", avait prévenu la présidence française. "Je voulais passer avec lui les options tactiques et stratégiques qu'on pouvait aborder", a détaillé lundi le chef de l'Etat. Selon lui, "le système américain fait monter la pression", a-t-il regretté. "Après, je pense [que Joe Biden] est en tout cas d'accord pour dire que la solution est dans la désescalade et la négociation."
Sur les options sur la table
Interrogé sur le schéma d'une "finlandisation" de l'Ukraine, c'est-à-dire une sorte de neutralité, Emmanuel Macron reconnaît que cela "fait partie des modèles sur la table", mais que la crise "ne peut pas se régler en disant que [l'Ukraine] resterait dans un no man's land, sans possibilité de souveraineté, de sécurité". "Il ne faut jamais faire de compromis sur la question ukrainienne sans les Ukrainiens", a-t-il précisé, tout en se disant "frappé du sang-froid qu'a eu le président Zelensky ces dernières semaines".
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