Drones, canons... Kiev relance sa production d'armement après près de deux ans de guerre en Ukraine
Le signal de la renaissance pour l'industrie de défense ukrainienne a été donné en mars dernier déjà, quand Oleksandr Kamishin, le jeune mais très efficace patron des chemins de fers ukrainiens, a été nommé ministre en charge des industries stratégiques. Et pour cause : l'aide occidentale à l'Ukraine se fait parcimonieuse.
Politiquement, les partisans d'une limitation donnent de la voix, tant au sein de l'Union européenne qu'au Congrès américain. Européens et Américains ont par ailleurs du mal à tenir le rythme de production des armements et munitions qu'ils cèdent ou vendent aux Ukrainiens... Pour toutes ces raisons, Kiev a décidé de prendre les choses en main et de produire elle-même, en Ukraine, les matériels nécessaire à son effort de guerre.
L'Ukraine a été, par le passé, un pays producteur d'armements mais ils sont aujourd'hui obsolètes, rappelait Oleksandr Kamishin dans un entretien avec la chaîne américaine PBS : "Nous avions une forte tradition d'industrie de défense, mais pour être honnête celle-ci avait été laissée à l'abandon pendant des dizaines d'années, expliquait-il. Résultat, on repart presque de zéro. Vous voyez que nous produisons des drones. Cette production n'a que six mois d'existence et on commence à en voir les résultats. Les usines de défense ukrainiennes tournent 24h/24, 7 jours sur 7. Ce n'est jamais assez, bien sûr, mais dès à présent on peut parler d'une industrie fonctionnelle".
Ingénieurs et industriels ukrainiens se sont donc mis à l'ouvrage. Pour ce qui est des drones-kamikazes à pilotage immersif (avec un visio casque), l'Ukraine en produit d'ores et déjà 50 000 tous les mois, et promet de doubler la cadence d'ici un an.
Des drones produits à une échelle industrielle
Il y a également les drones navals, ces bombes flottantes pilotées par satellite. Là aussi, les Ukrainiens sont passés à un stade de production industrielle. Ces drones ont permis notamment de tenir en échec la marine russe en Mer Noire.
Pour les armements classiques de type canons, chars et fusils, là aussi, l'industrie ukrainienne a accéléré le rythme, sur certains matériels au moins. Le Bodhana, par exemple, un canon automoteur à longue portée, du même type que le Caesar français : début décembre, le président Zelensky annonçait que l'Ukraine en produisait dorénavant six par mois ; c'est-à-dire autant que les usines françaises de Nexter pour le Caesar. Une sacrée performance industrielle pour un engin qui n'existait qu'à l'état de prototype il y a un an et demi.
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