Guerre en Ukraine : à l'ONU, Emmanuel Macron dénonce un "retour à l'âge des impérialismes"
Dans un plaidoyer parfois enflammé, le chef de l'Etat a fustigé les pays "qui se taisent" et "servent malgré eux, ou secrètement, avec une certaine complicité, la cause d'un nouvel impérialisme".
"Ne nous résignons pas à la fracture du monde", a lancé Emmanuel Macron à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, mardi 20 septembre, en exhortant les dirigeants du monde entier à rejeter "le nouvel ordre" de division que cherche à imposer la Russie "impérialiste" avec la guerre en Ukraine.
Dans un plaidoyer parfois enflammé tranchant avec le ton posé des discours à l'Assemblée générale des Nations unies, le président français a appelé à inventer de "nouvelles coopérations" pour relever les défis qui se posent au monde, des conflits au dérèglement climatique en passant par les pandémies.
"La situation de notre planète accroît nos exigences", a-t-il déclaré, en souhaitant "un sursaut collectif" pour "bâtir un nouveau contrat entre le nord et le sud". Cet impératif est rendu d'autant plus urgent par la guerre en Ukraine initiée par la Russie et son président Vladimir Poutine. "Nous avons tous un rôle pour y mettre un terme car nous en payons tous le prix", a-t-il affirmé.
"Âge des impérialismes"
"Ce à quoi nous assistons depuis le 24 février est un retour à l'âge des impérialismes et des colonies", a martelé Emmanuel Macron. Or "qui est hégémonique aujourd'hui si ce n'est la Russie ?".
Le chef de l'Etat a ainsi cherché à démonter l'idée que la guerre en Ukraine est un conflit régional résultant de l'opposition entre les Occidentaux et la Russie et, au delà, le reste du monde. De ce fait, de nombreuses capitales, en Afrique, en Asie ou au Moyen-Orient, refusent de condamner Moscou.
"L'impérialisme contemporain n'est pas européen ou occidental et prend la forme d'une invasion territoriale adossée à une guerre hybride mondialisée qui utilise le prix de l'énergie, la sécurité alimentaire, la sûreté nucléaire, l'accès à l'information et les mouvements de population comme des armes de division et de destruction", a dénoncé Emmanuel Macron.
Tensions renforcées entre les Etats-Unis et la Chine
Face à cela, les pays "qui se taisent aujourd'hui servent malgré eux, ou secrètement, avec une certaine complicité, la cause d'un nouvel impérialisme, d'un cynisme contemporain qui désagrège notre ordre international sans lequel la paix n'est possible", selon lui.
A plus long terme, Emmanuel Macron prévient que cette "tentative de partition du monde (...) renforce la tension entre les États-Unis et la Chine", notamment dans la zone indo-pacifique, l'une des priorités stratégiques de la France.
Ces derniers mois, le président français a régulièrement tancé les pays restés neutres, notamment lors d'une visite en juillet au Cameroun où il avait dénoncé le silence face à la "présence hybride" de la Russie en Afrique, notamment au Mali.
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