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Guerre en Ukraine : à Varsovie, les Polonais se considèrent déjà sur la ligne de front

Aux avant-postes de l’Union européenne et de l’Otan, la Pologne a pris, depuis le début de la guerre en Ukraine, davantage de poids militaire et politique. À Varsovie, la visite de Joe Biden, le président des Etats-Unis, conforte ce sentiment.

Article rédigé par franceinfo
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Vue du pont Swietokrzyski, depuis Varsovie, en Pologne, le 1er avril 2021. (MICHAL FLUDRA / NURPHOTO)

Aux portes de la Russie et particulièrement de la petite enclave de Kaliningrad, et de l’Ukraine, la Pologne est aux avant-postes de l’Union européenne et de l’Otan.

En témoigne l'afflux de deux millions de réfugiés qu'essaie d'absorber Varsovie, depuis quelques semaines. Depuis le début de l’invasion russe, le pays a pris de plus en plus de poids politique et militaire : d’où la visite du président américain Joe Biden vendredi 25 mars. Et tous les officiels prennent, d’ailleurs, la menace russe très au sérieux.

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La prochaine cible ?

La Pologne se considère ainsi déjà sur la ligne de front car elle pense être la prochaine cible, explique Michal Potocki, journaliste au magazine Dziennik Gazeta Prawna. La sécurité, selon lui, est le problème et le défi numéro 1, et cette visite de Joe Biden en Pologne souligne que telle est bien la priorité. Son homologue polonais, Andrzej Duda, soutien de Donald Trump, l’un des derniers leaders en Europe à féliciter Biden après sa victoire, a depuis fait le choix clair d’améliorer sa relation avec Washington et de mettre son veto à certains projets de réforme très polémiques.

"Sachant la menace grandissante d’invasion en Ukraine, il a compris qu’il ne pouvait pas se permettre un nouveau geste controversé du point de vue américain."

Michal Potocki

à franceinfo

D’autant que le président polonais espère un engagement militaire américain et européen toujours plus fort. Il était donc plus simple de mettre de côté ces projets de loi qui envenimaient aussi la relation avec Bruxelles, estime Daniel Szeligowski chercheur à l’Institut polonais des affaires internationales. 

Si l'Ukraine tombe, Varsovie devra militariser

"Cela va dans les deux sens en ce moment, souligne Daniel Szeligowski. Du point de vue de Bruxelles, la nouvelle priorité est l’Ukraine et la situation sécuritaire. Donc je pense que des deux côtés aujourd’hui, à Bruxelles et Varsovie, il y a une volonté politique de calmer les choses et de mettre de côté les conflits."

Car imaginer une seconde que l’Ukraine tombe, prédit ce chercheur polonais, serait une situation où la Pologne aurait à suivre un chemin comme celui qu’a pris un jour Israël parce qu’il n’y aurait pas d’autre choix : nous serions contraint de militariser. "Il a fallu l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour que la position polonaise devienne une évidence aux yeux de ses partenaires", regrette Bartosz Rydlinski, professeur à l’institut d’études politiques de Varsovie.

"Bien sûr, conclut Bartosz Rydlinski, la Russie depuis des années a utilisé son soft power et ses idiots utiles en Europe de l’Ouest pour blâmer la Pologne et les États baltes pour russophobie. Ce qu’ils appellent russophobie, nous l’appellons du réalisme géopolitique. C’est important pour l’avenir que notre position devienne majoritaire à la fois au sein de l’Union européenne et de l’Otan." L’heure semble donc au rapprochement stratégique, comme une sorte d’unité régionale, un fait quasi inédit depuis l'intégration de la Pologne dans l'Union européenne.

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