Guerre en Ukraine : après la frappe russe qui a fait au moins 51 morts à Poltava, les systèmes d’alerte et de défense remis en cause

La Russie a bombardé mardi la ville de Poltava, au centre de l'Ukraine, faisant au moins 51 morts et plus de 250 blessés. Kiev demande la livraison de systèmes de défense antiaérienne aux pays occidentaux.
Article rédigé par franceinfo
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Au moins 51 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées, le 3 septembre 2024, lors d'une frappe russe contre la ville ukrainienne de Poltava. (PATRYK JARACCZ / AFP)

Une frappe russe a fait au moins 51 morts et plus de 200 blessés mardi 3 septembre dans la ville de Poltava en Ukraine. Un établissement de formation militaire a été visé et un hôpital a également été endommagé. C’est l’un des bombardements les plus meurtriers depuis le début de la guerre. Les destructions sont telles que les secours ont été actifs jusqu’à mardi soir pour fouiller dans les décombres.

Malgré tout, à ce stade, on ne connaît toujours pas l’identité des victimes, s'il s'agit de civils ou de militaires. Aucune déclaration officielle n'a été faite sur ce point, comme c’est souvent le cas lorsque des militaires sont touchés. Il est en effet probable que la majorité des personnes tuées soient des soldats qui participaient à une cérémonie militaire. C’est en tout cas ce qu’affirment plusieurs experts militaires indépendants en Ukraine.

En revanche, on en sait un peu plus sur le déroulé de cette attaque qui a complètement pris de court les habitants de Poltava. Les sirènes d’alarme ont résonné à 9 heures du matin mardi, et seulement deux minutes après, les deux missiles balistiques frappaient la ville. Généralement le délai entre la sirène d’alarme et la frappe est plutôt de 20 à 30 minutes. L'enquête devra donc démontrer s'il y a eu ou non une faille dans le système d’alerte. 

Beaucoup de réactions à l'international

D'après le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, la difficulté pour les Ukrainiens, c'est que le territoire à défendre est extrêmement important : "C'est 600 000 km², c'est plus grand que la France. Et ils n'ont pas suffisamment de système de défense sol-air. Il faut donc faire des choix entre protéger Kiev, Kharkiv ou Odessa. Il est vraisemblable que dans certains endroits, il n'y ait pas les moyens, notamment les missiles sol-air, pour protéger l'espace aérien au-dessus de villes comme Poltava. Cela va aussi obliger à réfléchir sur la protection des villes et sur le fait qu'il y ait des installations militaires en plein milieu de ces villes"

Les réactions internationales sont nombreuses depuis mardi. Après cette frappe, la Maison Blanche a par exemple parlé de la "brutalité" de Vladimir Poutine. Londres évoque "un acte d’agression écœurant". Du côté des autorités ukrainiennes, et c’est devenu systématique après chaque frappe d’ampleur, Kiev appelle ses partenaires occidentaux à l’aide.

"Il nous faut de nouvelles armes pour nous protéger d’attaques comme celle de Poltava".

Dmytro Kuleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères

à CNN

"C’est une nouvelle raison pour laquelle il faut livrer à l’Ukraine des systèmes de défense antiaérienne, a encore insisté mardi Dmytro Kuleba, le ministre des Affaires étrangères au micro de CNN. Les missiles balistiques sont très difficiles à intercepter. La seule façon d’y parvenir est d’avoir par exemple des systèmes de défense antiaérienne Patriot. Il n’y a que cela pour intercepter ces missiles. Je ne sais pas combien de nouvelles tragédies comme celle-ci doivent avoir lieu avant que de nouveaux engagements soient pris"

L’Ukraine possède déjà plusieurs systèmes de défense antiaérienne, mais ce n’est donc pas assez pour Kiev qui insiste également sur une autre demande répétée, encore, mardi par Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien veut obtenir un feu vert de la part de ses alliés, une autorisation de frapper en profondeur le territoire russe grâce à des missiles longue portée. Cela permettrait à l’Ukraine de cibler notamment des bases militaires russes d’où décollent les avions qui larguent des missiles sur le pays. Mais pour le moment les partenaires de Kiev, et notamment les États-Unis, disent non par crainte d’une nouvelle escalade du conflit.

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