Guerre en Ukraine : après le bombardement de la base militaire de Yavoriv, les habitants de la région rattrapés par la guerre
Du 11 au 13 mars, plusieurs sites militaires ont été visés par des frappes aériennes russes dans la région de Lviv, jusqu'alors relativement épargnée par le conflit. Les habitants choqués et impuissants constatent que le conflit se rapproche d’eux.
Yevhen a l'air soucieux lorsqu'on le rencontre devant sa maison, pas totalement terminée. "Ici, nous sommes dans la banlieue de Novoiavorisk. C'est à dix kilomètres du centre militaire" explique-t-il. Lorsque les explosions ont retenti au milieu de la nuit du samedi 12 à dimanche 13 mars, le jeune homme de 26 ans a réveillé sa famille et les quatre autres familles de réfugiés qu'il accueille. Cette fois-ci, il a senti que le danger était tout proche. "Vers 5 heures du matin, on a entendu plusieurs frappes très lourdes, assourdissantes" raconte-t-il. "On a d'abord mis nos femmes et nos enfants à l'abri dans le sous sol. Mon frère travaille dans ce centre militaire. Il monte la garde devant. Ils étaient de service cette nuit là. J'ai tout de suite appelé. Il m'a rassuré. Ils étaient sains et saufs."
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Comme Yehven, les habitants de Yavoriv et des environs pensaient être épargnés par la guerre. À présent, ils réalisent qu’elle n’est plus si loin de chez eux. Vendredi 11 mars, quatre soldats sont morts à Loutsk. Dans la nuit de samedi à dimanche, un centre d’entraînement militaire à une quarantaine de kilomètres de Lviv a été ciblé. Le bilan est lourd, au moins 35 morts et 134 blessés. "La frontière polonaise est à 15 kilomètres. Il faut fermer le ciel maintenant, comme l'a dit notre président, pour que la guerre ne frappe pas à vos portes", avertit le jeune Ukrainien. Après les bombardements du week-end, Yevhen dit ne pas avoir peur pour lui. "Je suis inquiet pour les miens, mais je suis prêt. Je les attends, les Russes. J'ai des pelles et des haches bien aiguisées. Mais bon, ils nous attaquent depuis le ciel."
"La menace se rapproche."
Elena, habitante de la région de Lvivà franceinfo
Après une nuit d'angoisse, c'est sous un ciel bleu qu'Elena se promène avec sa fille de 10 ans, Darina. L'ambiance très calme dans le parc à côté de chez elle contraste avec le vacarme de la veille. Lorsque les sirènes ont retenti, elle a regardé par la fenêtre : "C'était comme un feu d'artifice. On a plus peur aujourd'hui qu'avant. La menace se rapproche. On pense à fuir dans un autre pays. Mais on a une grand-mère malade. On ne peut pas partir sans elle."
Darina finit par raconter que le soir des bombardements, elle participait à une soirée pyjama avec ses copines. Pour une fois, le fait de ne pas être avec ses parents l'a fait paniquer. "Quand je suis à la maison, je n'ai pas peur. Je sais qu'à la cave, je serai à l'abri, mais quand j'entends la sirène et que je suis à l'extérieur, j'ai très peur." Darina aimerait bien penser à autre chose. "Il n'y a pas de classe en ce moment. Les écoles sont fermées. On aura des cours en ligne d'ici la fin de semaine", explique la fillette, qui ne semble pas trop y croire.
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