Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir du discours de Volodymyr Zelensky devant le Parlement français
Le président ukrainien, qui s'exprimait en visioconférence depuis Kiev, a notamment réclamé le départ de toutes les entreprises françaises de Russie, afin qu'elles cessent d'être "les sponsors de la machine de guerre russe".
Une ovation debout, avant plusieurs minutes de plaidoyer. Vêtu d'un tee-shirt militaire kaki, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est adressé mercredi 23 mars, en visioconférence, aux parlementaires français, qui ont écouté son message depuis l'Assemblée nationale et le Sénat. Au Palais Bourbon, une place d'honneur était réservée à l'ambassadeur Vadym Omelchenko, entouré de deux drapeaux ukrainiens. Après un propos liminaire de Gérard Larcher et Richard Ferrand, les présidents des deux chambres du Parlement, le dirigeant ukrainien a plaidé en faveur d'une action de la France pour son pays en guerre. En voici les principaux points.
>> Retrouvez les dernières informations sur la guerre en Ukraine dans notre direct
Il a comparé Marioupol à Verdun
Volodymyr Zelensky est revenu notamment sur le bombardement de la maternité de Marioupol, le 9 mars, dénonçant le "siège brutal de la ville, comme au Moyen-Age". Certaines femmes ont été blessées, l'une a été amputée d'un pied fracturé, une autre a perdu son nourrisson et a eu le bassin fracturé... "Les médecins ont essayé de la sauver, mais elle leur demandait de la laisser mourir. Elle ne voyait plus de raison de vivre et elle est morte", a relaté le chef de l'Etat ukrainien. Volodymyr Zelensky a alors fait appel à la mémoire française.
"Après des semaines d'invasion russe, Marioupol et d'autres villes ukrainiennes rappellent les ruines de Verdun, comme sur les photos de la Première Guerre mondiale que chacun et chacune a vues."
Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraineaux parlementaires français
Durant son discours, Volodymyr Zelensky a notamment demandé aux parlementaires français d'observer une minute de silence en mémoire des Ukrainiens tués depuis le début de l'invasion russe.
En guise de conclusion de son discours, Volodymyr Zelensky a cette fois rêvé d'une Ukraine où la mort ne serait plus la conséquence des bombardements, mais des circonstances de la vie : "Nous devons pouvoir nous dire au revoir comme la France a pu le dire à Belmondo."
>> La stratégie bien rodée de Volodymyr Zelensky devant les Parlements occidentaux
A chaque intervention devant les Parlements étrangers, le président ukrainien personnalise ses propos en convoquant des figures locales, comme l'ancien Premier ministre britannique Winston Churchill et le dramaturge William Shakespeare devant la Chambre des communes britannique.
Il a appelé au boycott du marché russe
Volodymyr Zelensky a réclamé que "les entreprises françaises quittent le marché russe", en citant notamment les groupes Auchan, Leroy Merlin et Renault. Ces sociétés "doivent cesser d'être les sponsors de la machine de guerre russe" et "de financer le meurtre d'enfants et de femmes, le viol", a estimé le président ukrainien, ajoutant : "Les valeurs valent plus que les bénéfices." Dès le début de son discours, le président ukrainien a fait référence à ces activités sur le sol russe : "Vous savez qui est coupable, même ceux qui cachent la tête dans le sable et essaient de trouver de l’argent en Russie".
>> Comment Leroy Merlin se retrouve sous pression pour cesser ses activités en Russie
Des centaines d'entreprises tricolores ont déjà quitté la Russie depuis le début de la guerre, mais certaines y poursuivent toujours leurs activités. L'enseigne de bricolage Leroy Merlin, très implantée en Russie – son deuxième marché derrière la France – revendique 36 000 salariés dans 107 magasins et 62 villes. Auchan, propriétaire de la famille Mulliez, est également emblématique de la grande distribution en Russie, où elle exploite 231 magasins pour un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros, soit plus de 10% de son activité globale.
Il a remercié la France pour son "leadership"
"Nous attendons de la France et de son leadership qu'elle fasse respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a également déclaré Volodymyr Zelensky face au Parlement. "Nous sommes reconnaissants à la France pour son aide", a ajouté le président ukrainien, saluant les efforts d'Emmanuel Macron "qui a fait preuve d’un véritable leadership" et avec qui "nous communiquons régulièrement". Le président ukrainien a repris la devise nationale de son auditoire : "Les Ukrainiens voient que la France apprécie également la vérité et que vous la protégez. Vous savez ce que signifient 'Liberté, égalité, fraternité'. Chacun de ces mots compte pour vous."
Il a demandé davantage d'armes
"Cela fera demain un mois que les Ukrainiens se battent pour leur liberté", a poursuivi le président ukrainien, et que "notre armée s'oppose héroïquement aux effectifs supérieurs de la Russie". Volodymyr Zelensky a réclamé davantage d'aide et de soutien matériel, notamment en armement (chars, armes antichars, avions de combat, défense antiaérienne...).
"La liberté, pour ne pas perdre, doit être bien armée."
Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraineaux parlementaires français
Il a plaidé pour une adhésion rapide à l'UE
Volodymyr Zelensky a également appelé de ses vœux une adhésion à l'Union européenne à brève échéance, réclamant à la présidence française "une décision mûrie et historique à un moment historique". L'Ukraine a déposé sa candidature le 28 février, aux premiers jours de l'invasion russe, mais les Vingt-Sept sont pour le moment défavorables à une adhésion rapide. "Nous devons déjà penser à l'avenir, à la façon dont nous allons vivre après la guerre", a poursuivi Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a réclamé un "nouveau système de sécurité" uropéen où la France devra jouer "un rôle de premier plan", afin de prévenir de futurs conflits.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.