Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la frappe sur Makiïvka, qui a tué au moins 89 soldats russes selon Moscou
Ce sont les plus lourdes pertes en une seule attaque admises par la Russie depuis le début de l'invasion en février. Au moins 89 soldats russes ont été tués, samedi 31 décembre, dans une frappe ukrainienne sur Makiïvka, une ville sous occupation russe située à l'est de la ville séparatiste de Donetsk.
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Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ce bombardement, mercredi 4 janvier.
Une frappe sur un bâtiment de garnison
Selon le ministère de la Défense russe, des missiles ont été tirés en pleine nuit par des systèmes Himars, des lance-roquettes fournis par les Etats-Unis aux forces ukrainiennes, et ont frappé "un centre de déploiement provisoire" de l'armée russe à Makiïvka. Moscou précise sur Telegram que six missiles ont été lancés et que deux ont été interceptés par sa défense aérienne. Sur le même réseau social, Igor Strelkov, un ancien commandant séparatiste pro-russe très au fait de la situation, affirme qu'un dépôt de munitions se trouvait dans le même bâtiment. Ces munitions auraient explosé, aggravant le bilan humain de l'attaque. Une analyse partagée par le ministère de la Défense britannique.
Lundi soir, l'état-major général des forces armées ukrainiennes a déclaré que ses forces étaient à l'origine des frappes sur cette ville. Les Himars sont le système d'artillerie le plus sophistiqué fourni à l'Ukraine par les pays occidentaux. Ils permettent de lancer des missiles guidés par satellite, jusqu'à 80 km de distance avec les munitions livrées à l'armée ukrainienne. Mercredi matin sur Telegram, la Russie a assuré avoir détruit le lanceur utilisé dans l'attaque, sans donner de preuve visuelle.
Un bilan incertain
Moscou fait désormais état de 89 morts, après avoir donné dans un premier temps le chiffre de 63 victimes. Le commandant adjoint du régiment, le lieutenant-colonel Batchourine, figure parmi les victimes.
La communication de l'armée ukrainienne a avancé le chiffre de 400 soldats tués, mais l'état-major s'est contenté de donner un bilan matériel, évoquant 10 unités d'équipement détruites. L'ancien paramilitaire Igor Strelkov déplore, lui, des "centaines de morts", tandis qu'une blogueuse pro-guerre parle de "216 survivants", sur Telegram. Aucun de ces bilans n'a pu être vérifié de manière indépendante.
Sur les réseaux sociaux, certains ont accusé les autorités russes de minimiser le nombre de morts. "Mon dieu, qui va croire au chiffre de 63 [le premier bilan communiqué] ? Le bâtiment a été complètement détruit", a écrit une Russe, Nina Vernykh, sur VKontakte, le principal réseau social russe.
De vives critiques contre le commandement et le comportement des soldats
Ce nouveau revers a déclenché une pluie de critiques sur l'armée russe, accusée de ne tirer aucune leçon de ses erreurs passées. Il lui est notamment reproché d'avoir massé des troupes dans un unique bâtiment, à côté d'un dépôt de munitions, et de les avoir autorisées à utiliser leurs téléphones portables, dont les signaux ont pu aider l'armée ukrainienne à les repérer. Dans un communiqué publié sur Telegram, le lieutenant général Sergueï Sevrioukov justifie l'ampleur du bilan par cette utilisation des téléphones : "Il est aujourd'hui évident que la principale raison [de cette attaque] est, malgré l'interdiction, l'allumage et l'utilisation massive des téléphones portables dans une zone à portée des frappes ennemies."
"Dix mois après le début de la guerre, il est dangereux et criminel de considérer l'ennemi comme un imbécile qui ne voit rien", a déclaré Andrey Medvedev, vice-président de l'assemblée législative de la ville de Moscou. "L'ennemi nous a infligé la plus sérieuse des défaites dans cette guerre, non pas grâce à son talent, mais à cause de nos erreurs", a jugé sur Telegram Daniil Bezsonov, un porte-parole du régime pro-russe installé à Donetsk par Moscou. A Samara, d'où étaient originaires une grande partie des victimes, un rassemblement en leur mémoire a été organisé, un événement rare de deuil public depuis le début du conflit.
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