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Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la mort du journaliste américain Brent Renaud à Irpin

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 7min
Des soldats ukrainiens évacuent d'autres soldats lors d'affrontements à Irpin, au nord-ouest de Kiev (Ukraine), le 13 mars 2022.  (ARIS MESSINIS / AFP)

Le documentariste américain de 50 ans, est mort, dimanche 13 mars, alors qu'il était en reportage à Irpin, théâtre de violents combats.

Il est le deuxième journaliste mort pendant la guerre en Ukraine. Brent Renaud, documentariste américain âgé de 50 ans, a été abattu à Irpin, au nord-ouest de la capitale ukrainienne Kiev, dimanche 13 mars. Les autorités ukrainiennes ont rapidement accusé les forces russes. Cependant, l'origine des tirs, qui ont aussi blessé un autre journaliste américain et un civil ukrainien, n'a pas encore été déterminée.

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Le journaliste a reçu une balle dans la nuque

Brent Renaud est mort, dimanche à la mi-journée, à Irpin,dans la banlieue de Kiev. Il circulait en voiture avec le journaliste Juan Arredondo et un civil ukrainien, également blessés, a précisé à l'AFP Danylo Shapovalov, médecin engagé auprès des forces ukrainiennes, qui a pris en charge les victimes.

Brent Renaud "a reçu une balle dans la nuque et a été tué sur le coup", a précisé Danylo Shapovalov. Son collègue blessé "a été secouru", selon des images d'évacuation partagées par Paul Ronzheimer, rédacteur en chef adjoint du journal allemand Bild, sur Twitter.

Les forces russes mises en cause

Interrogé par une journaliste italienne, qui a diffusé l'interview sur Twitter*, Juan Arredondo, photographe et enseignant à l'école de journalisme de l'université de Columbia (à New York), est revenu sur l'attaque. "Nous avons traversé le premier point à Irpin. Nous allions filmer le départ d'autres réfugiés", raconte-t-il, depuis l'hôpital de Kiev où il a été pris en charge. "Nous avons traversé un checkpoint, et ils ont commencé à nous tirer dessus. Notre chauffeur a fait demi-tour et ils ont continué de tirer – on était deux, avec mon ami Brent Renaud. Il a été abattu."

Le chef adjoint de la police d'Irpin, le capitaine Oleksandr Bogai, cité par le New York Times* accuse les forces russes d'avoir tiré sur le véhicule. Tout comme Anton Gerashchenko, conseiller du ministre de l'Intérieur ukrainien, qui a déclaré que bren Renaud avait "payé de sa vie pour avoir tenté de montrer (…) la cruauté de l'agresseur".

"Les forces russes en Ukraine doivent cesser immédiatement toutes les violences contre les journalistes et les civils, et celui qui a tué Renaud, quel qu'il soit, devra rendre des comptes", a aussi réagi le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York.

"Nous consultons les Ukrainiens pour déterminer comment cela est arrivé", a déclaré sur la chaîne américaine CBS* Jake Sullivan, conseiller national à la sécurité du président américain Joe Biden. L'origine des tirs n'a en effet pas encore été déterminée et semble difficile à établir, tant les combats sont intenses à Irpin. Une enquête va être ouverte, a annoncé la procureure générale ukrainienne, Irina Venediktova, sur Facebook.

Après ce meurtre, le maire d'Irpin, Oleksandr Markouchine, a interdit aux journalistes de rester dans la ville, selon l'AFP.

Un journaliste habitué des zones de guerre

Brent Renaud, photographe et réalisateur indépendant âgé de 50 ans, est le deuxième journaliste mort depuis le début de la guerre en Ukraine. Un journaliste de la télévision publique ukrainienne avait été tué le 1er mars dans le bombardement russe de la tour de télévision de Kiev. Le documentariste américain, premier journaliste étranger tué en Ukraine, se trouvait "dans la région pour travailler sur un projet" du département vidéo du magazine Time*, "axé sur la crise mondiale des réfugiés", a annoncé la direction du bimensuel. Son frère, Craig Renaud, a précisé au New York Times qu'il s'agissait de la série documentaire baptisée Tipping Point.

Il avait travaillé sur de nombreux projets de films documentaires avec son frère Craig. Il avait été repéré en 2005 pour son documentaire Dope Sick Love, réalisé avec son frère, et qui s'intéressait à un couple d'héroïnomanes habitant New York. Le film avait été nommé aux Emmy Awards. En 2014, le tandem avait remporté un Peabody Award* pour leur documentaire "Last Chance High", tourné dans un établissement accueillant des élèves expulsés d'autres établissements scolaires à Chicago.

Les frères Craig Renaud et Brent Renaud (à droite), ont gagné un Peabody Award en 2015.  (JEMAL COUNTESS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA POUR AFP)

Brent Renaud avait déjà travaillé dans des zones de conflits comme l'Irak, l'Afghanistan ou la Libye, rapportait le média spécialisé Filmmaker* en 2013. Il avait réalisé plusieurs documentaires pour le New York Times autour de la crise des réfugiés, notamment sur les Haïtiens expulsés des Etats-Unis* ou les enfants fuyant la pauvreté et l'insécurité* en Amérique centrale.

Des inquiétudes pour les journalistes sur le terrain

De nombreux journalistes et médias ont réagi avec émotion à l'annonce de la mort de Brent Renaud. La rédaction du magazine Time, est "dévasté par la perte" du journaliste. "Il est essentiel que les journalistes puissent couvrir en toute sécurité l'invasion en cours et la crise humanitaire en Ukraine", précise le texte mis en ligne dimanche*. Le New York Times s'est aussi déclaré "profondément attristé d'apprendre la mort de Brent Renaud, un réalisateur talentueux qui avait contribué durant des années" au journal. Parmi les papiers d'identité que portait le documentariste, se trouvait une ancienne carte d'accréditation du quotidien new-yorkais.

L'ONG Reporters sans frontières estime qu'"il y a un risque énorme pour les journalistes à travailler sur le terrain" en Ukraine, a alerté Christophe Deloire, secrétaire général de l'ONG, après la mort du reporter. Le 1er mars, cinq personnes sont mortes lors de l'attaque de la tour de télévision à Kiev, dont un journaliste ukrainien, rappelle l'International Federation of journalists*. Quelques jours plus tard, des journalistes de la chaîne britannique Sky News ont été pris pour cible par des tirs.

* Les liens suivis d'un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.

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