Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron "est l'un des interlocuteurs privilégiés" de Vladimir Poutine, selon une ex-ambassadrice de France en Russie
Alors que de nouvelles négociations se tiennent entre Kiev et Moscou lundi, l'ancienne ambassadrice de France en Russie estime que le président français a établi "une relation étroite" avec son homologue russe.
Un troisième rendez-vous de négociations doit se tenir lundi 7 mars entre la Russie et l'Ukraine, dix jours après le lancement de l'offensive russe dans le Donbass. Alors que les combats continuent en Ukraine, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont déjà prévu de se retrouver pour la première fois jeudi à Antalya, en Turquie.
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"Je ne suis pas sûre que ça va aboutir", a estimé sur franceinfo Sylvie Bermann, ambassadrice de France en Russie de 2017 à 2019 et ancienne ambassadrice de France en Chine. Selon elle, il reste "impératif de ne pas rompre le lien téléphonique" avec Vladimir Poutine.
franceinfo : L'annonce de négociations en Turquie est-elle une source d'espoir ?
Sylvie Bermann : Vladimir Poutine entend aller jusqu'au bout donc je ne suis pas sûre que cela va aboutir dans l'immédiat. En tout cas, il est important de maintenir le contact. Il est vrai que la Turquie a toujours joué un rôle particulier, ni véritablement amie, ni véritablement ennemie de Moscou. Elle avait déjà joué un rôle de médiation dans l'affaire syrienne. C'est important que le plus de personnalités possibles parlent à Vladimir Poutine.
Emmanuel Macron maintient un lien téléphonique avec le président russe. Est-il important de ne pas le rompre ?
Il est impératif de ne pas le rompre parce que, de toute façon, la diplomatie est sur le long terme et aussi parce que, depuis longtemps, il a établi une relation étroite avec lui. Il est l'un des interlocuteurs privilégiés. Ce ne sont pas des appels téléphoniques qui durent dix minutes ou un quart d'heure. Ce sont des appels qui rentrent dans le fond des choses, même si Vladimir Poutine n'est pas prêt à céder. Ils sont en désaccord mais le président français continue à faire passer des messages, notamment sur le sujet de la protection des civils, la possibilité d'évacuation ou encore la sûreté des centrales nucléaires.
La Chine joue l'équilibriste pour le moment. Son amitié avec la Russie est-elle mise à l'épreuve ?
La Chine est assez embarassée. Au conseil de sécurité, elle s'est abstenue : elle ne s'est pas opposée, elle n'a pas mis de veto. En même temps, depuis quelques années, la Chine et la Russie ont opéré un rapprochement très étroit face aux États-Unis. Mais je ne pense pas qu'aujourd'hui quiconque puisse convaincre Vladimir Poutine. Il semble complètement déterminé.
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