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Guerre en Ukraine : en Pologne, des réfugiés ukrainiens trouvent chez l'habitant "une famille de remplacement"

Plus de 500 000 personnes ont fui de l'Ukraine vers la Pologne durant la première semaine de l'offensive russe. Par solidarité, certains Polonais leur ont ouvert leur porte pour les héberger. 

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Andriy (à gauche) et Oleksandra (au milieu) sont accueillis chez Lydie (à droite) et Marcin, près de Lublin (Pologne), le 4 mars 2022. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Des rires éclatent, jeudi 3 mars, dans le canapé de la famille de Lydie et Marcin, près de Lublin, dans l'est de la Pologne. Ceux de ce couple franco-polonais mais aussi d'Oleksandra et Andriy, deux Ukrainiens qui ont fui la guerre, comme un million de personnes durant la première semaine de l'offensive russe, selon un décompte de l'ONU. Plus de la moitié d'entre eux ont trouvé refugé en Pologne. Pour accueillir cet afflux massif de personnes, des initiatives de solidarité se mettent donc en place. 

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Bien à l'abri de la guerre, Oleksandra peine à réaliser son nouveau statut. "Quand on a traversé la frontière pour venir ici, je n’ai pas eu conscience d’être une réfugiée. J’ai pu prendre mes affaires, je n’ai pas eu à courir." Pourtant, devant sa tasse de thé, cette Ukrainienne de 26 ans redevient sombre en un instant. 

"Maintenant que je vois les images de ma ville, Kharkiv, bombardée, je réalise. En fait, je suis vraiment devenue une réfugiée !"

Oleksandra, réfugiée ukrainienne de 26 ans

à franceinfo

Son compagnon Andriy a pu quitter avec elle l’Ukraine où il est né, parce qu’il dispose aujourd’hui de la nationalité israélienne. "Essayez un peu d’imaginer votre ville, comme Paris ou Londres, qui ressemblerait à ça", déplore Oleksandra en faisant défiler les vidéos sur son téléphone. "C’est surréaliste !"

La crainte de "l'ours russe"

Pour Lydie et Marcin, décider d'héberger les deux réfugiés ukrainiens est naturel : "Ce n'est même pas le pays d'à côté, c'est juste là, à une heure de chez nous !", justifie Lydie. Leur maison chaleureuse est en effet tout près de la frontière.

De gauche à droite : Lydie, Andriy, Oleksandra et Marcin dans la maison du couple franco-polonais à Lublin (Pologne), le 3 mars 2022. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

D'ailleurs, il n’y a pas si longtemps encore, ils parlaient presque de Vladimir Poutine avec légèreté. "Oh, tu sais, il y a un petit ours russe qui dort juste à côté", s'amuse brièvement Marcin. Avant de redevenir sérieux. "Avant, on en rigolait mais aujourd'hui ça y est, c'est là." Lydie confirme : "L’ours russe s’est réveillé."

Être "une famille de remplacement"

Les parents d’Oleksandra sont restés en Ukraine. Lydie et Marcin veulent donc protéger la jeune femme, "comme une famille de remplacement". L'Ukrainienne, professeure d'anglais, leur a montré une photo de ses parents. "Quand j’ai vu leurs visages, j’avais envie de leur dire : 'Écoutez, on s’en occupe.' Ils ont envoyé leur enfant loin et sont restés sous les bombes."

En échange, il aimerait leur envoyer une photo d'Oleksandra "assise ici, chez nous, au chaud après avoir mangé. Elle est en sécurité et ça n’a pas de prix !" Oleksandra confirme : "On est tellement bien accueillis et tellement reconnaissants pour ça." Pour autant, difficile voire impossible pour elle de dire que c'est comme à la maison. "Ce n'est pas chez moi", nuance-t-elle. La rage au ventre face à l’invasion russe, Oleksandra et Andryi resteront là le temps qu’il faudra. Les 5 et 6 mars, ils iront aider à leur tour leurs compatriotes qui arrivent au poste-frontière. Mais ce sera après "un gros dodo" en sécurité.

Près de Lublin (Pologne), un couple franco-polonais accueille deux réfugiés Ukrainiens. Le reportage d'Agathe Mahuet.

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