Ukraine : "L'Etat ne fait pas assez au regard des sacrifices des anciens combattants", dénoncent des vétérans

Alors que la guerre vient d'entrer dans son 23e mois, des anciens combattants, de plus en plus nombreux, font appel à des associations pour le retour à la vie civile.
Article rédigé par franceinfo
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Un soldat ukrainien sur la ligne de front près de Horlivka, ville ukrainienne occupée par la Russie, dans la région de Donetsk, le 14 décembre 2023. (ANATOLII STEPANOV / AFP)

Presque deux ans de combats. En Ukraine, le pays est suspendu à une loi sur la mobilisation pour envoyer près d‘un demi-million de personnes sur le front face aux forces envoyées par le Kremlin, et ainsi relever les troupes actuelles épuisées par le manque de turn-over et de permissions. Mais le pays doit aussi s’occuper des anciens combattants, ces blessés qui ne peuvent plus servir. A Kiev, une association, Veteran Hub, leur vient en aide pour les démarches administratives, les recherches d’emploi ou, tout simplement, pour le retour à la vie civile.

Lorsqu'on nous leur rendons visite, il y a une alerte aérienne à Kiev. L'association installe ses bureaux dans le parking. Les tables et chaises sont déjà là et l'équipe travaille comme si de rien n'était. A 33 ans, Rodion a été démobilisé officiellement en septembre 2022. Il a perdu son œil droit.

"Certaines choses ne passeront jamais"

Lors de ce conflit, il confie avoir enterré 126 frères d'armes depuis le début de la guerre. "Quand ils sont là-bas et qu'ils meurent, l'impuissance est le pire des sentiments. Tu ne peux rien faire et tu n'es même pas à leurs côtés", raconte-t-il. Rodion a eu recours aux services de cette ONG pour la recherche de travail notamment, mais aussi pour les consultations psychologiques proposées. Il est toujours suivi, dit-il, car préparé à travailler sur du très long terme. "Il y a certaines choses qui passent en un mois ou deux, certaines habitudes comme se réveiller tôt ou encore des sur réactions au bruit. Mais si on parle des conséquences à long terme, certaines choses ne passeront jamais. Moi, jusqu'à aujourd'hui, je déteste quand les enfants jettent des pétards sous mes pieds. C'est un stress énorme", explique-t-il.

Rlib a lui été lourdement blessé à Marioupol, survivant d’une frappe d’un missile de croisière. Il regarde sa montre : ça fait presque un an pile que l'armée a signifié son départ des effectifs. À 27 ans, il est déjà retraité militaire, une autre blessure pour ce volontaire.

"C'est difficile d'accepter que je ne pourrais plus faire le métier que je me voyais exercer toute ma vie. C'est vraiment difficile car j'ai passé seulement deux ans dans l'armée, c'est tout. Et je n'y rentrerai plus à cause de ma blessure. Je ne peux pas être opérationnel comme militaire."

Rlib, ancien combattant

à franceinfo

Désormais, l'ancien de l'infanterie de marine travaille pour cette plateforme qui aide les vétérans. Il en est même devenu l'un des responsables. "L''Etat ne fait pas assez au regard des sacrifices des anciens combattants, dénonce Rlib. L'assistance aux vétérans avance lentement. Si l'État faisait assez, les organisations comme la nôtre n'existeraient pas. Il n'y a rien à dire de plus que notre organisation a été créée avant le ministère des Anciens combattants..." Autre preuve de la situation complexe autour de ce dossier : une pension est versée aux anciens combattants, des déductions fiscales sont même possible, mais la bureaucratie est si lourde que beaucoup abandonnent les démarches.

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