Guerre en Ukraine : l'"opération militaire spéciale" et ses "héros" entrent dans les manuels scolaires en Russie
En Russie, aucun secteur n'échappe à la reprise en main du pouvoir, et surtout pas l'école. L'an dernier des cours d'éducation patriotique ont fait leur apparition. Cette année pour la rentrée le 1er septembre, les élèves de fin de collège et de lycée auront droit à une formation militaire de base, qui avait été abandonnée après la chute de l'URSS.
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Et autre nouveauté cette année, de nouveaux manuels d'histoire font leur apparition pour les élèves des classes équivalentes à la première et à la terminale. Intitulés Histoire de la Russie, de 1945 au début du 21e siècle, ces manuels développent une vision très orientée des événements les plus récents, faisant la part belle au récit façonné ces dernières années par le Kremlin. De l'époque soviétique, jusqu'à la guerre en Ukraine.
"Comment peut-on ne pas en parler ?"
La guerre en Ukraine n'est pas terminée que l'"opération militaire spéciale" - son nom officiel - a pourtant déjà droit à plusieurs pages dans le livre d'histoire qu'ouvriront les lycéens cette année. Ils y apprendront qu'elle était inévitable et qu'elle a permis d'éviter une plus grande catastrophe encore. Ils y liront des extraits des communiqués du ministère la Défense.
Un choix qui a fait bondir de nombreux historiens, mais totalement assumé par Vladimir Medinsky, l'ancien ministre de la Culture russe, qui a supervisé sa rédaction. "Dans le manuel, il y a des photos des héros de l'opération spéciale. Tout a été fait avec l'accord de leur famille", explique-t-il. "Qu'attendiez-vous ? Comment peut-on ne pas en parler ? Ce serait tout simplement déshonorant", poursuit l'ancien ministre.
Vision de l'histoire "orientée"
Pourtant, l'ouvrage ne réécrit pas seulement l'histoire récente, mais aussi celle de l'Union soviétique, déplore Mikhaïl Kopitsa, un professeur d'histoire russe qui a fui à l'étranger l'an dernier. "On y trouve une véritable justification du stalinisme, alerte-t-il, y compris des actes criminels de la politique étrangère de l'Union soviétique dans la période post-stalinienne".
Il cite par éxemple le "Printemps de Prague" ou "le déploiement des troupes en Afghanistan."
"Toute l'argumentation est tirée de la propagande soviétique."
Mikhaïl Kopitsa, un professeur d'histoire russeà franceinfo
Une vision de l'histoire qui colle parfaitement au discours actuel du pouvoir dans laquelle la Russie est entourée d'ennemis et lutte pour la survie de sa civilisation.
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