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Guerre en Ukraine : la frappe meurtrière sur le marché de Kostiantynivka est due à un missile ukrainien, selon une enquête du "New York Times"

Au moins 17 personnes sont mortes au début du mois dans cette ville de la région de Donetsk. Après avoir analysé des images de vidéosurveillance et recueilli plusieurs témoignages, le quotidien américain évoque la piste d'un tir fratricide.
Article rédigé par franceinfo
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Les destructions causées par un missile qui s'est abattu près du marché central de Kostiantynivka, le 6 septembre 2023 dans la région ukrainienne de Donetsk. (VYACHESLAV MADIYEVSKYY / NURPHOTO / AFP)

Que s'est-il réellement passé à Kostiantynivka, récemment plongée dans l'horreur ? Le 6 septembre, au moins 17 civils sont morts sur un marché de cette ville de la région ukrainienne de Donetsk (est du pays), quand un missile s'est abattu dans une rue commerçante. Une trentaine de personnes avaient également été blessées ce jour-là, selon le bilan des autorités ukrainiennes, et le président Volodymyr Zelensky avait accusé les forces russes d'avoir délibérément visé ce lieu de vie. Le New York Times livre toutefois plusieurs éléments accréditant la thèse d'un raté ukrainien, dans une enquête publiée lundi 18 septembre.

Le quotidien américain s'appuie tout d'abord sur des images de vidéosurveillance tournées au moment de l'impact. On y voit notamment quatre piétons tournant simultanément la tête face à la caméra, en direction du territoire contrôlé par les forces ukrainiennes, lorsqu'ils entendent le sifflement du missile. Le reflet du missile est, par ailleurs, brièvement visible sur la carrosserie de véhicules stationnés dans la rue : il arrive du Nord-Ouest. Enfin, les traces relevées au point d'impact confortent également l'hypothèse d'une ogive tirée depuis cette direction.

Peu avant le drame, des journalistes du New York Times se trouvaient à Droujkivka, une ville située à 16 kilomètres au nord-ouest. Ils ont entendu deux tirs de missile, espacés de quelques minutes, et fournissent un enregistrement audio du premier lancer. Ces tirs sont également confirmés par plusieurs autres témoins interrogés par le quotidien américain. Après avoir collecté des indications auprès des habitants, les journalistes se sont ensuite rendus sur le site présumé de lancement de ces tirs, où ils ont découvert des traces de gazon brûlé. L'imagerie satellite confirme que de nouveaux stigmates sont apparus le jour du drame, autour des tranchées visitées.

Une ville située à 30 kilomètres de Bakhmout

Le New York Times, enfin, conteste l'affirmation ukrainienne selon laquelle le marché a été frappé par un missile tiré depuis un système S-300. Ses journalistes ont en effet observé des centaines de trous carrés et rectangulaires aux alentours du point d'impact. Selon eux, et les experts qu'ils ont contactés, ces impacts correspondent aux dégâts causés par le missile 9M38, tiré par le véhicule anti-aérien Buk, qui contient des fragments cubiques de 8 mm et de 13 mm. Le quotidien, en revanche, n'est pas en mesure d'expliquer comment un tel missile a pu s'abattre à Kostiantynivka, et si cette catastrophe est la conséquence d'une erreur ou d'un dysfonctionnement technique.

La ville de Kostiantynivka, qui comptait 70 000 habitants avant l'invasion, est située près de la ligne de front, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Bakhmout. Les détonations provoquées par les tirs de mortier et d'artillerie y sont quotidiennes, dans un paysage de champs, d'usines et d'anciennes mines de charbon.

Ce n'est pas la première fois, en tout cas, que l'hypothèse d'un missile ukrainien est avancée. Au lendemain de la frappe, Rouslan Lebev, analyste russe pour le Conflict Intelligence Team, avait déjà relevé la présence d'un reflet de missile sur les voitures, et conclu à un tir depuis le territoire sous contrôle ukrainien. Le même jour, Julian Röpcke, journaliste pour le quotidien allemand Bild, avait lui aussi émis l'hypothèse d'un tir depuis le Nord-Ouest.

"Ces doutes émis dans des publications étrangères entraînent une multiplication des théories du complot, a réagi Mykhaïlo Podolyak, conseiller du président Zelensky, après ces nouveaux éléments du New York TimesLa société obtiendra une réponse sur ce qu'il s'est passé précisément à Kostyantynivka, comme pour les milliers d’autres cas d’attaques russes contre notre pays." Il a précisé qu'une enquête était en cours, comme "à chaque crime de guerre russe".

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