Guerre en Ukraine : la maman devenue le symbole du bombardement de la maternité de Marioupol appelle à voter pour Vladimir Poutine

"Pour moi, ce choix est évident", explique Mariana Vyshegirskaya, surnommée la "madone de Marioupol", sur Instagram.
Article rédigé par franceinfo
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Mariana Vyshegirskaya évacuée de la maternité de Marioupol (Ukraine), après une frappe russe, le 9 mars 2022. (MSTYSLAV CHERNOV / SIPA)

La photo, diffusée par l'agence américaine Associated Press, avait fait le tour du monde. Une jeune femme enceinte, ensanglantée et le regard hagard, se tient devant les ruines d'une maternité de Marioupol, dans le sud de l'Ukraine, bombardée le 9 mars 2022 par les forces russes. Elle s'appelle Marianna Vyshemirskaya, mais les médias qui racontent son histoire la rebaptisent "la Madone de Marioupol". Un peu moins de deux ans plus tard, elle s'exprime à nouveau, mais cette fois pour témoigner de son soutien à la Russie et à son président, Vladimir Poutine, candidat à sa réélection.

Sur Instagram, l'Ukrainienne a annoncé lui avoir apporté sa signature dans le cadre de la collecte préalable à la présidentielle. "Pour moi, ce choix est évident", a-t-elle écrit le 21 janvier, louant la politique et les décisions du président russe sortant, grâce à qui "malgré les sanctions et tous les problèmes, la Russie se développe de manière dynamique", selon elle. 

Dans l'article qui lui est consacré, le média ukrainien RBC fait l'inventaire de réactions d'internautes indignés par ce soutien et autres insultes à l'égard de la "Madone de Marioupol". Selon le quotidien, Marianna Vyshemirskaya, originaire de Donetsk, dans les territoires ukrainiens aux mains des séparatistes russes, publie sur son blog "les fausses informations du Kremlin et fait l'éloge du gouvernement russe".

Dans une interview au journal russe Komsomolskaïa Pravda, un an après les faits, elle avait accusé les forces ukrainiennes de s'être "cachées" derrière les civils qui se trouvaient dans la maternité, "violant ainsi la Convention de Genève pour la protection du public pendant les hostilités". Quant aux journalistes de l'agence Associated Press qui ont publié sa photo et rapporté son histoire dans les médias occidentaux, elle les accusait de "n'avoir gardé [de son témoignage] que ce dont ils avaient besoin" et d'avoir souhaité "la mort" de son bébé.

Une ville martyre 

Assiégée pendant des semaines par les forces russes et les séparatistes prorusses, la cité portuaire située sur la mer d'Azov avait été pilonnée par Moscou au printemps 2022. Après avoir frappé la maternité de la ville faisant trois morts, dont un enfant, un théâtre où s'étaient réfugiées des centaines de familles avait également été touché par une frappe quelques jours plus tard.

"Ce bombardement à la maternité de Marioupol est inhumain, odieux, cruel et tragique", avait déclaré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, interrogée sur franceinfo"Je suis convaincue que ça peut être un crime de guerre et il faut vraiment une enquête", avait-elle ajouté, tandis qu'Emmanuel Macron avait condamné"un acte de guerre indigne".

A l'époque, Moscou avait d'abord justifié ce bombardement, expliquant qu'il accueillait un bataillon de combattants ukrainiens, avant de dénoncer "une mise en scène". Pour décrire la stratégie de l'armée russe dans cette ville martyre, Jean-Paul Palomeros, ancien chef d'Etat major de l'armée de l'air française et ancien commandant suprême de l'Otan, avait déclaré : "C'est de la violence à l'état pur pour monter que tout ce qui tente de résister doit être contré sans pitié. (...) A ce stade Poutine n'en a pas grand-chose à faire. Il veut conquérir le territoire et frapper l'imagination en montrant qu'il n'y a pas d'autre issue que de se soumettre."

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