Guerre en Ukraine : les faits marquants du jeudi 10 mars
Les Occidentaux ont dénoncé un "crime de guerre" après le bombardement d'un hôpital à Marioupol. Les autorités russes rejettent l'accusation, mais donnent des explications divergentes.
Au quinzième jour de l'invasion de l'Ukraine, jeudi 10 mars, les forces russes resserrent leur étau autour de Kiev. Alors que la communauté internationale dénonce le bombardement d'un hôpital à Marioupol, Moscou rejette les accusations de "crime de guerre". Sur le terrain diplomatique, les négociations entre les chefs de la diplomatie russe et ukrainienne, à Antalya, en Turquie, ont été infructueuses.
Au moins 500 civils tués depuis le début de la guerre
Au moins 516 civils, dont une trentaine d'enfants, ont été tués en Ukraine et plus de 900 blessés, d'après un dernier décompte de l'ONU, qui précise que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.
Des chars russes sont arrivés à la lisière nord-est de la capitale, Kiev, qu'ils menacent d'encercler après être déjà parvenus dans ses faubourgs nord et ouest. "L'importante colonne russe au nord-ouest de Kiev a peu avancé depuis plus d'une semaine et essuie des pertes soutenues", affirme néanmoins le ministère britannique de la Défense.
L'armée ukrainienne garde le contrôle de Tchernihiv, au nord de Kiev, dont le centre-ville a été pilonné, provoquant la mort de nombreux civils. La ville de Kharkiv aussi, à 50 kilomètres de la frontière russe, est encerclée et frappée par d'intenses bombardements. Les forces russes "sont à présent juste à l'extérieur" de la deuxième ville d'Ukraine (1,4 million d'habitants), a affirmé le Pentagone mercredi soir.
Dans le sud de l'Ukraine, les troupes russes assiègent la ville portuaire de Marioupol. Des tentatives d'évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises et les deux camps se rejettent mutuellement la responsabilité.
Les pourparlers russo-ukrainiens échouent
Les chefs de la diplomatie russe et ukrainienne ont échoué à s'accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine au cours de leur première rencontre depuis le début de l'offensive de l'armée russe. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, ont campé sur leurs positions durant cet entretien organisé dans la station balnéaire turque d'Antalya.
"Nous avons évoqué un cessez-le-feu mais aucun progrès n'a été accompli en ce sens", a déclaré Dmytro Kuleba, ajoutant cependant qu'il "espérait" pouvoir poursuivre la discussion avec son homologue. Selon lui, Sergueï Lavrov a assuré que la Russie "allait continuer [son] agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler". "Nous ne prévoyons pas d'attaquer d'autres pays, nous n'avons pas attaqué l'Ukraine", a lancé de son côte Sergueï Lavrov.
Trois sessions de pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens ont déjà eu lieu en Biélorussie, un pays allié de la Russie, depuis le début de l'invasion. Ils ont abouti à plusieurs cessez-le-feu locaux et à l'ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer des civils de villes assiégées. Mais la Russie a été à plusieurs reprises accusée d'avoir violé ces accords.
Les Occidentaux condamnent le bombardement d'un hôpital à Marioupol
"Ce bombardement (...) est inhumain, odieux, cruel et tragique", a déclaré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne sur franceinfo, après le raid aérien russe sur un établissement abritant une maternité et un hôpital pédiatrique à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine. "Je suis convaincue que ça peut être un crime de guerre et il faut vraiment une enquête", a-t-elle ajouté.
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a lui aussi pointé du doigt un "crime de guerre odieux". Emmanuel Macron a également condamné "avec la plus grande fermeté" ce qui est "un acte de guerre indigne". Trois personnes, dont une fillette, y ont péri, a annoncé dans un nouveau bilan jeudi la mairie, qui faisait état la veille de 17 blessés.
>> Quatre questions sur le bombardement d'une maternité à Marioupol
Dans la même journée, jeudi, trois sources russes ont donné des versions différentes des événements. Le Kremlin a déclaré qu'il allait interroger son armée sur le bombardement, précisant ne pas avoir "une information claire". Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a justifié ce raid aérien en affirmant que le bâtiment servait de base à un bataillon nationaliste et n'abritait ni personnel soignant ni civils. De son côté, l'armée russe a dénoncé une "mise en scène" des "nationalistes" ukrainiens. "L'aviation russe n'a accompli aucune mission de destruction de cibles dans la région de Marioupol", a assuré le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov.
Le gouvernement anticipe jusqu'à "100 000 réfugiés" fuyant l'Ukraine vers la France
Le gouvernement français anticipe l'arrivée possible dans les prochaines semaines en France de "50 000, peut-être 100 000" personnes fuyant le conflit en Ukraine et "se prépare" à redimensionner l'accueil prévu, a annoncé jeudi le coordinateur de la cellule interministérielle de crise (CIC).
Sur les plus de 2,1 millions de déplacés en raison de l'invasion russe de l'Ukraine, débutée le 24 février, la France avait reçu jeudi plus de 7 200 personnes, selon les données du ministère de l'Intérieur. "Nous essayons de nous tenir prêts pour des volumes qui seront vraisemblablement beaucoup plus significatifs dans les jours ou semaines à venir", a déclaré le préfet Joseph Zimet, qui pilote la cellule, lors d'une conférence de presse.
A l'échelle européenne, l'accueil de millions de réfugiés ukrainiens est un "très très gros défi" estime la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, qui se dit particulièrement inquiète du sort des enfants qui représentent actuellement "la moitié" des exilés. Dans une démarche inédite, les Vingt-Sept ont accepté la semaine dernière d'accorder un régime de protection temporaire aux Ukrainiens qui leur permet de séjourner pendant au moins un an dans l'UE et d'y travailler.
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