Guerre en Ukraine : quatre questions sur le bombardement d'une maternité à Marioupol
Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, puis Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, ont qualifié jeudi de "crime de guerre odieux" le bombardement qui a fait trois morts, dont une enfant, dans cette ville portuaire du sud-est de l'Ukraine.
Bâtiments soufflés, débris, scènes de chaos... Depuis mercredi, les images de la maternité de Marioupol (Ukraine), théâtre d'un bombardement des forces russes, provoquent une succession de condamnations fermes dans le monde entier. Franceinfo fait le point sur la situation.
1Où a eu lieu l'attaque ?
Le bombardement s'est produit mercredi 9 mars à Marioupol, ville portuaire située dans le sud-est de l'Ukraine. Un établissement médical abritant un hôpital pédiatrique et une maternité a été touché.
Port stratégique de quelque 450 000 habitants sur la mer d'Azov, Marioupol est assiégé par l'armée russe et ses alliés prorusses. Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a dénoncé sur Twitter jeudi "les attaques aériennes contre des quartiers résidentiels et le blocage des convois d'aide [vers la ville]" qui sévissent depuis dix jours.
#Mariupol is under siege.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) March 10, 2022
Russia’s shelling of maternity hospital is a heinous war crime.
Strikes of residential areas from the air and blocks of access of aid convoys by the Russian forces must immediately stop.
Safe passage is needed, now.#PutinsWar #Accountability
2Y a-t-il des victimes ?
Trois personnes, dont une enfant, ont été tuées dans le bombardement, selon le nouveau bilan établi jeudi par la mairie de Marioupol. La veille, le gouverneur de la région de Donetsk avait fait état à la télévision ukrainienne d'un premier bilan de 17 blessés parmi le personnel hospitalier. La Russie n'a quant à elle pas communiqué de bilan.
3Quelles sont les réactions internationales après ce bombardement ?
Le bombardement a provoqué une condamnation ferme sur la scène internationale. En France, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a dénoncé des frappes "inhumaines et lâches" et une action "inqualifiable". "La France condamne avec la plus grande vigueur les frappes des forces armées russes ciblées contre l'hôpital pédiatrique de Marioupol", a réagi ce jeudi le ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué envoyé à l'issue du point presse de sa porte-parole. Le Quai d'Orsay a dénoncé "une violation flagrante massive du droit international humanitaire" et "une attaque intervenue alors qu'un cessez-le-feu avait été agréé pour permettre l'évacuation de civils". Emmanuel Macron a condamné pour sa part "avec la plus grande fermeté" ce bombardement, "un acte de guerre indigne". "L'objectif manifeste" de ce bombardement était "de tuer des civils, femmes et enfants en particulier", a ajouté le président ce jeudi, à l'issue d'une réunion au château de Versailles (Yvelines) avec les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne.
"Ce bombardement à la maternité de Marioupol est inhumain, odieux, cruel et tragique", a déclaré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, jeudi 10 mars, sur franceinfo. "Je suis convaincue que ça peut être un crime de guerre et il faut vraiment une enquête", a-t-elle ajouté. Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a lui aussi pointé du doigt, jeudi sur Twitter, un "crime de guerre odieux". La veille, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, y voyait "la preuve qu'un génocide d'Ukrainiens [était] en train de se produire".
De l'autre côté de l'Atlantique, lors d'un point presse de la Maison Blanche, les Etats-Unis ont qualifié ce bombardement des forces russes de "barbare". Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a regretté quant à lui une action "immorale". L'ONU a enfin rappelé mercredi que les installations de santé en Ukraine ne devaient "jamais être une cible".
4Que répond la Russie ?
Jeudi matin, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a d'abord justifié ce bombardement en arguant que le bâtiment accueillait un bataillon de combattants nationalistes. "Cette maternité a été reprise depuis longtemps par le bataillon Azov et d'autres radicaux, et toutes les femmes en couches, toutes les infirmières et tout le personnel de soutien ont été mis à la porte", a déclaré Sergueï Lavrov à l'issue de pourparlers avec son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, en Turquie.
Puis, dans l'après-midi de jeudi, l'armée russe a donné une autre version, qualifiant le bombardement de "mise en scène" : "L'aviation russe n'a accompli aucune mission de destruction de cibles dans la région de Marioupol. La prétendue frappe aérienne est une mise en scène totale à des fins de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental", a expliqué le porte-parole du ministère de la Défense russe, renvoyant la responsabilité de l'attaque sur les "nationalistes" ukrainiens.
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