Guerre en Ukraine : pourquoi le contrôle de Lyssytchansk est stratégique
L'armée ukrainienne a annoncé dimanche que ses soldats s'étaient retirés de la ville.
C'est une cité au cœur de la bataille pour le contrôle de la région du Donbass dans l'est de l'Ukraine. De violents combats ont fait rage, samedi 2 juillet, dans la grande ville de Lyssytchansk. Alors que les affrontements se poursuivent dimanche, l'armée ukrainienne a annoncé son retrait de la ville "afin de préserver les vies des défenseurs ukrainiens", a déclaré l'état-major des forces armées ukrainiennes dans un communiqué.
Franceinfo vous explique pourquoi le contrôle de cette agglomération, qui comptait quelque 95 000 habitants avant le début de la guerre, est crucial, aussi bien pour l'armée ukrainienne que pour les troupes russes et leurs alliés séparatistes prorusses.
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Parce qu'elle permet à Moscou de mener une guerre d'usure
Les forces ukrainiennes ont reçu vendredi 24 juin l'ordre de quitter Sievierodonetsk, ville jumelle de Lyssytchansk, située de l'autre côté de la rivière Donets. La ville était bombardée sans relâche par les forces russes depuis des semaines. L'armée ukrainienne, épuisée, a décidé de se retirer. Ce retrait a symbolisé l'un des coups les plus durs pour Kiev dans cette guerre pour le Donbass.
Les Russes semblent déterminés à appliquer la même stratégie d'usure à Lyssytchansk. Or, sur le front, la fatigue de certains soldats ukrainiens face à ce conflit qui prend "beaucoup de temps" se fait sentir. Les défaites usent le moral de jeunes volontaires que franceinfo a rencontrés. Jeudi, le gouverneur de la région de Louhansk a aussi alerté sur le sort des civils : les bombardements "très puissants" empêchent les évacuations, a-t-il déclaré.
Parce que c'est l'une des dernières poches de résistance du Donbass
Jusqu'à dimanche, Lyssytchansk était la dernière grande ville à ne pas être tombée aux mains de Moscou dans la région de Louhansk, l'une des deux provinces du Donbass. Ce bassin houiller, haut lieu économique et culturel, frontalier de la Russie, est en proie aux combats depuis le début de la guerre le 24 février.
Mais l'armée ukrainienne a annoncé dimanche que ses soldats s'étaient retirés. "Afin de préserver les vies des défenseurs ukrainiens, la décision a été prise de se retirer" de la ville, a déclaré l'état-major des forces armées ukrainiennes dans un communiqué, pointant la "supériorité multiple" de l'armée russe sur le plan matériel.
Après la perte de Sievierodonetsk, Kiev a tout fait pour conserver Lyssytchansk, malgré la pression des forces russes et prorusses. Des déclarations contradictoires circulent. Samedi, les séparatistes soutenus par Moscou, citée par l'agence de presse Tass ont affirmé que la ville était "totalement encerclée". Une déclaration démentie par le camp ukrainien. "Les combats font rage (...) Heureusement, la ville n'est pas encerclée et est sous contrôle de l'armée ukrainienne", a assuré, un peu plus tard à la télévision, le porte-parole de la Garde nationale de l'Ukraine.
Dimanche, un communiqué du ministère russe de la Défense avait assuré que les forces russes et leurs alliés séparatistes avaient pris "le contrôle complet de Lyssytchansk et d'autres villes proches". Quelques minutes plus tôt, le porte-parole du même ministère annonçait que les combats se poursuivaient et que les forces ukrainiennes étaient "totalement" encerclées. Le gouverneur ukrainien de la région de Louhansk a lui expliqué sur Telegram que "les Russes renforcent leurs positions dans la région de Lyssytchansk". Des revendications impossibles à vérifier de manière indépendante.
Parce qu'elle offre une ouverture vers l'ouest à l'armée russe
La prise de Lyssytchansk permettrait surtout à l'armée russe une avancée cruciale sur le terrain. D'une part, vers Sloviansk, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest, déjà sous le feu de l'artillerie russe. D'autre part, vers Kramatorsk, autre grande ville du Donbass, dont les habitants vivent au son des bombardements et des sirènes d'alerte.
Samedi matin, l'état-major général ukrainien avait affirmé avoir repoussé une offensive russe à quelques kilomètres à l'ouest de Lyssytchansk. La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky reconnaissait que la situation demeurait "extrêmement difficile" sur place.
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