"Quand on regarde tous les morts, c’est impossible de dire qu’on va négocier" : pour les 1 000 jours de guerre en Ukraine, les doutes des habitants de Lviv
Avec ses petites lunettes carrées, Volodymyr, 19 ans, qui a interrompu ses études à cause de la guerre, résume à lui seul le dilemme de l'Ukraine : faut-il négocier la paix avec Moscou ? L'Ukraine a juré mardi 19 novembre, millième jour de l'invasion russe, de ne "jamais" se soumettre à la Russie, qui a, elle, agité de nouveau le spectre du recours à l'arme nucléaire et promis de remporter cette guerre.
Cette étape symbolique intervient à un moment vital pour Kiev : son armée recule sur le champ de bataille et l'incertitude pèse sur la pérennité du soutien américain avec le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis en janvier. "Les Ukrainiens ne pensent pas tous la même chose, confie Volodymyr. Ça dépend de quel côté on se place. Quand on regarde tous les morts qu'il y a déjà eu pour le pays, c'est impossible de dire qu'on va négocier. Mais de l'autre côté, combien d'Ukrainiens devront mourir encore ?"
"C'est toujours mieux de se mettre d'accord"
Longs cheveux blonds et bonnet sur la tête, Olena vient de Kharkiv, au nord-est du pays. La jeune femme est venue souffler deux jours à Lviv, ville moins exposée aux bombardements.. Pour elle, il faut que des négociations aient lieu, et le plus vite possible. "C'est comme des enfants : je te tape, tu me tapes, je te tape, tu me tapes... Mais pour le moment, il n'y a aucun gagnant. Je pense qu'il faut négocier. On a toujours le choix. C'est toujours mieux de se mettre d'accord. Parce que les Ukrainiens meurent les uns après les autres", confie-t-elle.
Bien emmitouflée dans une doudoune jaune, sous une pluie fine, Anna, elle, pense au contraire qu'il est impossible de négocier avec Vladimir Poutine. Car tout ce qu'il a commis en Ukraine est impardonnable. "Ce n'est pas possible de comprendre pourquoi il bombarde des villes, des immeubles… Il y a tellement de civils qui meurent. Tous les jours, des Ukrainiens meurent. Il y a tout le temps des funérailles ici : quatre à cinq cercueils défilent quotidiennement pour rejoindre le cimetière. C'est l'horreur", dénonce Anna.
Pour le président Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine ne veut pas la paix. Mais des négociations seraient pour le chef du Kremlin une façon de sortir de l'isolement sur la scène internationale.
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