Reportage Après deux ans et demi de guerre en Ukraine, l'Irlande revoit ses conditions d'accueil des réfugiés

L'Irlande va notamment réduire les prestations sociales versées aux réfugiés ukrainiens. Ce genre de mesures s’enchaînent dans le pays depuis plusieurs mois.
Article rédigé par franceinfo - Clémence Pénard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un tag représentant le drapeau de l'Ukraine avec un cœur au centre, à Dublin en Irlande le 18 août 2024. (ANNABELLE PLANCHE / HTTPS://HANSLUCAS.COM/AHAMIL/SER)

En Europe, les conditions d’accueil des réfugiés ukrainiens sont remises en question par plusieurs pays. Plus de deux ans et demi après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, une tendance au raidissement est perceptible en Norvège, en Pologne, en Hongrie...

En Irlande, les Ukrainiens ne peuvent désormais pas rester plus de trois mois dans les logements d’urgence fournis par l'État. Une règle qui s’ajoute aux coupes drastiques dans leurs allocations sociales : de 220 euros par semaine par personne, elles sont passées à 38 euros.

"Quand nous sommes arrivés, comme c'était tout récent, tout le monde a été très accueillant et essayait d’aider, explique Andrii, 20 ans, qui a fui Kiev avec son père, en avril 2022. Mais aujourd'hui, c'est un peu triste de voir que certains croient que nous sommes uniquement ici pour bénéficier des aides de l'État. N’importe qui préférerait être à la maison, avec sa famille et ses amis, là où l'on sait comment fonctionne le système. Ce n'est pas le cas ici en Irlande ! Les personnes qui viennent ici essaient simplement de survivre."

Selon Anatoliy Prymakov, de l’association Ukraine Action Ireland, toutes ces nouvelles mesures s’inscrivent dans une démarche politique, à l’approche d’élections générales. "Le nouveau gouvernement veut être vu comme faisant quelque chose contre l’immigration, explique Anatoliy Prymakov. Pour moi, ça renforce le sentiment anti-immigrés dans le pays, et personnellement, je ne pense pas que cela leur permettra de gagner des voix. Ce qui est sûr en revanche, c’est que ça va rendre pire la vie des Ukrainiens."

Une terrible crise du logement dans le pays

Même constat pour Emma Lane Spollen, coordinatrice nationale de l'Ukraine Civil Society : "Le temps rend les gens peut-être un peu moins empathiques et parce que nous nous approchons des élections et que les choses sont devenues, en général, beaucoup plus hostiles aux réfugiés : c’est une période vraiment difficile. Et pourtant, la guerre fait toujours rage, les besoins sont toujours là et il y a une meilleure façon de le faire !"

Et toutes ces coupes du gouvernement dans les aides aux Ukrainiens pourraient les inciter davantage à demander la protection internationale : "Les gens peuvent penser : si je suis dans le système de protection internationale, au moins j’aurais un logement jusqu'à ce qu'ils décident du futur. Alors que si vous venez en Irlande aujourd’hui, vous n'aurez que trois mois dans un logement. Bien sûr le gouvernement ne veut pas que tout le monde demande la protection internationale, parce qu'il devrait ensuite évaluer chaque personne individuellement."

Car l’Irlande fait face à une terrible crise du logement. Le pays est à court d'hébergements d’urgence, et a déjà divisé par deux le nombre d'Ukrainiens vivant dans des logements financés par l'État. Ils étaient 60 000 en 2023, aujourd’hui ils sont moins de 36 000.

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