: Reportage Guerre en Ukraine : à Bakhmout, les civils "sur la ligne de front depuis plus de six mois"
Les forces russes resserrent chaque jour un peu plus leur étau sur Bakhmout en Ukraine. Mais la ville du Donbass est toujours contrôlée par les troupes de Kiev qui résistent face au déluge de feu et aux assauts des forces russes. Près de 5 000 habitants contre 70 000, avant l'invasion lancée par Vladimir Poutine il y a un an, se trouvent toujours dans cette localité de l'est de l'Ukraine.
>> Guerre en Ukraine : suivez notre direct
Les derniers civils de Bakhmout sont à bout de forces. Vera, 75 ans, vit seule dans son petit appartement épargné par les frappes. Elle est sortie quelques instants avec un énorme sac en toile. "Je ramasse des cartons pour allumer mon poêle à la maison, raconte-t-elle. Ici, c'est l'horreur. En un mot, c'est un véritable enfer. Il n'y a pas d'eau courante, pas d'électricité. Pour pouvoir me laver, je fais fondre de la neige."
La survie sous les bombes. Et au milieu de ce paysage de désolation, de rares commerces sont ouverts, mais seulement quelques heures par jour. Natalia est employée dans une petite supérette. "C'est difficile, décrit-elle. On a peur, car on vit sur la ligne de front depuis plus de six mois. Mais il faut travailler, continuer à servir les gens. C'est pour ça qu'on est là."
Le "centre d'invincibilité" bondé
Mais les civils ne sont pas pour autant livrés à eux-mêmes. Des volontaires les accueillent dans des lieux collectifs qualifiés de "centres d'invincibilité". Repas chauds, électricité, connexion internet ou pharmacie des services de base pour les aider à passer l'hiver. Celui-ci est régulièrement bondé. Larissa est une retraitée au sourire radieux : "J'aime la France ! J'adore la langue française. Elle me bouleverse. Quand j'étais jeune et qu'il y avait des films français à l'affiche au cinéma, je courais les voir." Larissa ne compte pas quitter la ville. "J'ai des chiens. Je ne vais pas les abandonner. J'en ai cinq. Ils sont comme des enfants, ils comprennent tout."
Larissa refuse de quitter Bakhmout, malgré les appels répétés des autorités qui facilitent pourtant les évacuations, contrairement à Irina qui s'apprête à monter dans une camionnette avec une caisse de transport pour son chat. "Hier, notre maison a été touchée par un bombardement. On a été extraits des décombres par l'armée. On a eu très peur. On a donc décidé de partir. C'est fini, on ne reviendra plus." Irina a vécu 42 ans à Bakhmout. Elle laisse derrière elle une amie en larmes qu'elle n'a pas réussi à convaincre de la suivre et une ville en partie en ruine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.