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Reportage Guerre en Ukraine : à Lviv, on protège les statues des bombes

Joyau du patrimoine ukrainien, la grande ville de l'ouest de l'Ukraine, pour le moment épargnée par les combats, craint une offensive des forces russes. 

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue - Fabien Gosset
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Statues enveloppées, vitraux couverts... Un aperçu des travaux devant la basilique-cathédrale de l'Assomption-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie de Lviv, le 9 mars 2022. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Au 15ème jour de la guerre en Ukraine, Lviv, une des plus importantes villes de l’ouest du pays est toujours préservée. Mais pour combien de temps, se demandent les habitants. La mairie, des acteurs de la culture et des bénévoles se mobilisent pour protéger l’immense patrimoine de la ville classé à l’Unesco.

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."Nous posons ces plaques pour protéger les vitraux des ondes de choc en cas d’explosion", explique un ouvrier : les grandes baies lumineuses de la basilique-cathédrale de l’Assomption dans la vieille ville ne laissent désormais plus passer la lumière. D’une rue pavée à l’autre, les statues ont le visage caché, des bénévoles les ont enveloppées de mousse puis d’une bâche en plastique, avant de placer autour une structure en fer.

Guerre en Ukraine : à Lviv, on protège les statues des bombes. Le reportage de Sandrine Etoa-Andegue et Fabien Gosset

"On espère le meilleur, mais on se prépare au pire"

Les musées d’Etat de Lviv abritent 14% de la totalité du patrimoine culturel de toute l’Ukraine, selon la mairie. Une course contre-la-montre pour mettre ces trésors à l’abri et les préserver le plus possible en cas d’attaques. Andrii Potchekva, peintre-restaurateur, dirige les opérations de préservation du patrimoine : "Les deux premières couches sont contre le feu, les chocs légers ou les petits fragments. Ces échafaudages-là seront recouverts d’une troisième couche de protection. Nous sommes bien conscients qu’en cas d’impact grave, ça ne suffira pas. Mais on fait le maximum pour préserver ces sculptures."

Un détail du musée historique de Lviv. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Perceuse à la main, un autre bénévole résume les choses ainsi : "On espère le meilleur, mais on se prépare au pire." Et le pire, Oleksander, petite trentaine, s’y est préparé: "Je suis prêt à aller me battre, je pense que beaucoup de gens ici le sont aussi. Quand j’en aurais fini avec les vitraux, j’irai à Kiev pour défendre la capitale."

"Rempli de rage"

Dans sa cathédrale plongée dans la pénombre, le vicaire souffle que ces jours-ci, il lutte contre la haine tenace que cette guerre provoque chez lui, cette mission de protection du patrimoine religieux l’apaise un peu. "On a vu qu’à Kharkiv, ils ont détruit une chapelle, on fait tout pour préserver les nôtres."

Roman Chmelik est le directeur du musée historique de Lviv. Dans son bureau, avec vue sur la place centrale, on devine la trace de tableaux mis à l'abri. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Le même désarroi se lit dans les yeux de Roman Chmelik, le directeur du musée historique de Lviv. Il reçoit dans son bureau avec vue sur la place centrale. Derrière lui, on devine la trace de tableaux. Avec son équipe, il a mis à l’abri des milliers d’oeuvres. "On se prépare à défendre notre ville, préserver notre patrimoine culturel pour les générations futures, ça en fait partie. Ce qui m’inquiète c’est le devenir des bâtiments, ils datent de la fin du 16 ème siècle. Voilà, aujourd’hui, je me sens vide mais rempli de rage contre cet ennemi qui a envahi notre pays." glisse-t-il.

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