: Reportage Guerre en Ukraine : "Bien sûr que j'ai peur," à Kramatorsk, l'hôpital continue de tourner malgré la menace russe
La capitale du Donbass, dans l'Est de l'Ukraine, a vu les trois quarts de ses habitants quitté la ville. L'hôpital continue pourtant de tourner avec un nombre de soignants beaucoup plus restreint.
"Asseyez-vous, je n’ai pas beaucoup de temps". Victor Krigli vient déjà d'opérer deux patients ce lundi 2 mai. Le chef du département de chirurgie à l'hôpital principal de Kramatosk, la capitale du Donbass, est sur le pont depuis le début de la guerre, à soigner constamment civils et militaires.
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Le 8 avril dernier, nombreux sont ceux venus se faire soigner dans son service, après le bombardement de la gare de la ville par les Russes. Ce jour-là, 57 personnes avaient perdu la vie. "On nous amène surtout les blessés par balle, à la poitrine, à l'abdomen", raconte le soignant. Toute la difficulté est le manque de personnel pour faire face : "Nous étions 402 et désormais, il ne reste plus que 160 soignants." Les laborantins sont partis, des chirurgiens aussi, les consultations, elles, sont presque inexistantes.
Les soignants qui restent se sont fait un serment, "ne laisser personne derrière"
Le chef du département de chirurgie de l'hôpital numéro un de la ville le sait bien : son hôpital est une cible pour les Russes. "Bien sûr que j'ai peur, il n'y a que les idiots qui n'ont pas peur". Le soignant évoque ce qu'il s'est passé à Marioupol, à Tchernihiv, à Kharkiv. Malgré tout, comme une centaine d'autres, il a décidé de rester : "Peut-être parce que c'est mon travail", souffle-t-il.
" Mes collègues et moi, nous avons décidé d’accomplir notre devoir jusqu'à la fin"
Victor Krigli, chef du département chirurgie à l'hôpital de Kramatorskfranceinfo
Il sait surtout que, s'il part, les civils et les militaires de la ville ne pourront plus être opérés. Dans les villes voisines, les chirurgies ont tous fui la guerre et les exactions russes.
Dans une chambre de l'hôpital, sous une couverture épaisse, nous rencontrons une vieille femme du nom de Tamara. Elle montre son épaule : elle a été touchée par un éclat d’obus. Hospitalisée depuis une semaine, elle dresse les éloges de ces soignants qui restent malgré le danger, "des médecins exceptionnels" et un "collectif parfait" selon elle.
Celui qui la soigne est un jeune interne. Andrey l'assure : il ne quittera la ville que s'il n'a pas le choix. "Les gens souffrent alors nous restons ici. Nous voyons des blessures par balle et de mines. Qui va aider ces gens si ce n'est pas nous ?" Le plan d’évacuation de l’hôpital est déjà prévu avec des bus d’évacuations. Les soignants se sont fait un serment : ne laisser personne derrière.
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