Reportage "J'ai appris sur cette place qu'on était unis" : en Ukraine, dix ans après la révolution, l'esprit de Maïdan est toujours là

Le 21 novembre 2013, des centaines de manifestants ukrainiens étaient réunis sur la place Maïdan, au centre de la capitale Kiev, pour contester la politique anti européenne du président Viktor Ianoukovitch. Dix ans plus tard, l'esprit de cette révolution vit toujours dans les esprits ukrainiens.
Article rédigé par Claude Guibal - Kamile Fazylova
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sacha face à la forêt d'Irpin brûlée devant chez lui, en Ukraine. (CLAUDE GUIBAL / RADIOFRANCE)

C’était il y a dix ans, jour pour jour. Les premières manifestations sur la place Maïdan, au cœur de Kiev, manifestations proeuropéennes qui ont mené à la fin du pouvoir pro russe. Un anniversaire salué mardi 21 novembre, par le président Volodymir Zelensky de "première victoire" dans la guerre contre l'envahisseur russe. Mais avec la guerre, la loi martiale, l’interdiction de rassemblement pour ne pas offrir de cible à l’ennemi, les Ukrainiens ne se sont pas rassemblés en masse pour fêter les dix ans de leur révolution.

Cette révolution vit pourtant en eux. Sacha a 30 ans. Quand il revoit les images, la liesse, l’espoir, il sourit : "J’étais là dès les premiers jours de la révolution de Maïdan. On était venu avec mes copains, il y avait plein de jeunes. On n’en pouvait plus d’être dirigé par un pouvoir pro russe, la corruption… On voulait être proche de l’Union Européenne et de son mode de vie." Chaque jour, il manifeste. Ses parents amènent de la nourriture, des vêtements chauds. Lui balance des pierres, face à la police, sous le feu des snipers. Au fil des mois, la révolution prend de l’ampleur : "J'ai compris qu’on avait passé le point de non-retour, et que si on reculait, on allait perdre."

"On avait le même but"

Puis vient février, la fuite du président pro russe Ianoukovitch : "Je me souviens, on criait 'Hourra', gloire à l’Ukraine !' On ne se posait pas la question de la suite, on voulait juste que Ianoukovitch s’en aille." Sacha vit à Irpin, ville martyre, écrasée par les bombes dès le début de la guerre, son pont détruit pour empêcher l’accès à Kiev. Au-dessus de la porte de son appartement, la trace du trou causé par un éclat d’obus. Par la fenêtre reconstruite, on voit la forêt en face, brûlée, le bâtiment d'en bas détruit. De ces jours-là, Sacha se souvient qu'il aidait les gens à évacuer en voiture : "C’était comme dans un film, je roulais portes ouvertes en criant : 'Dépêchez-vous, montez !' Je roulais à 100 à l’heure en faisant des zigzags pour éviter les barricades." L’esprit de Maïdan n’a jamais quitté Sacha : "J’ai appris sur cette place qu’on était unis. Que vous veniez de l’est ou l’ouest de l’Ukraine, on avait le même but : vivre dans une meilleure Ukraine, bâtir un futur meilleur et plus sûr pour nos futurs enfants et les générations d’après."

En Ukraine, dix ans après la révolution, l'esprit de Maïdan est toujours là - Le reportage de Claude Guibal

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