Reportage "Nous voulons être ce symbole de renaissance" : deux ans après le massacre de Boutcha, la ville se reconstruit à tout-va

Il y a deux ans, le 31 mars 2022, l'armée russe se retirait de Boutcha, laissant derrière elle des centaines de civils sans vie. Aujourd'hui, la ville se cherche un avenir.
Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les bâtiments détruits de Boutcha sont rebâtis selon les normes européennes. (AGATHE MAHUET / RADIOFRANCE)

Il y a deux ans tout juste, le monde découvrait les massacres de civils ukrainiens à Boutcha, en grande banlieue de Kiev. Plus de 500 habitants, assassinés par l’armée russe. Boutcha refuse pourtant aujourd’hui cette étiquette de ville martyre et se cherche un avenir, en reconstruisant à tout-va pour tenter de tourner la page.

Cela fait 4 mois que Dmitri rénove le quartier. Isoler les façades, les fondations, remplacer toutes les fenêtres de ces habitations criblées de balles il y a deux ans. Le chef de chantier est fier : "Le pays est encore en guerre, mais nous sommes déjà en train de nous relever. Ces immeubles, c’est comme mes enfants : je les vois grandir sous mes yeux."

Dmitri est le chef de chantier. Fier de participer à la renaissance de Boutcha. (AGATHE MAHUET / RADIOFRANCE)

"Bientôt ce sera comme neuf"

Le nouvel enduit est moderne : blanc et gris. De l’extérieur, ces petits immeubles soviétiques en sont méconnaissables. Mais certains s’interrogent. Serheï, descend de son vélo, son petit chien les pattes posées sur le guidon. Lui, vit là depuis toujours : "C’est un vieil immeuble délabré. Il faudrait plutôt investir cet argent dans l’effort de guerre ! Ils nous changent nos fenêtres, ça ne nous coûte rien, OK. Mais si Poutine revient, à quoi bon ? Il vaut mieux d’abord se concentrer sur la victoire. Le reste, on verra après."

Serheï a perdu son frère il y a deux ans. Les Russes l'ont tué alors qu'il sortait du sous-sol de leur immeuble, à Boutcha. (AGATHE MAHUET / RADIOFRANCE)

Au coin de ces rues qui avaient fait le tour du monde - des cadavres, dans l’une, des chars calcinés dans l’autre - Ludmila respire enfin un peu. "Toute cette rénovation, pour moi, c’est comme une nouvelle vie", dit-elle, dans le jardin de son pavillon. Les Russes ont occupé puis brûlé sa maison et tué son mari : "Mais bientôt ce sera comme neuf, et même s’il s’est passé des choses terribles ici, je veux y rester."

Reconstruire et se souvenir

2 000 bâtiments de la région de Boutcha ont été déjà retapés. Le financement ? L’État, et la ville à 90%, indique Dmytro Tchetchuk, l’adjoint à la rénovation : "Nous voulons être ce symbole de renaissance et montrer l’exemple à toute l’Ukraine que l’on peut se relever rapidement !"

"Nous ne voulons pas que Boutcha reste une ville en ruines,  une ville martyre. Bien sûr, on n’oubliera jamais ce que les Russes ont fait ici."

Dmytro Tchetchuk, adjoint à la rénovation

à franceinfo

Reconstruire... et se souvenir : la ville vient d’inaugurer aussi un nouveau lieu de mémoire, pour ses centaines de victimes. Un registre de dédommagement est désormais disponible auprès de tous les Ukrainiens dont la maison a été détruite lors de l’invasion russe. Mis en place depuis mardi 2 avril dans le cadre de la conférence sur la Justice pour l’Ukraine ouverte à La Haye, il a déjà rassemblé des centaines de demandes.

"Nous voulons être ce symbole de renaissance" : deux ans après le massacre de Boutcha, la ville se reconstruit à tout-va

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