: Reportages Guerre en Ukraine : après la destruction du barrage de Kakhovka, les ONG s'inquiètent de la situation humanitaire
Une fois de plus, les wagons affrétés pour évacuer les inondés du Dniepr arrivent presque vides à Mykolaiv. On dénombrait 1 894 réfugiés mercredi soir, contre 1 700 le matin. Pour Ksenia, employée de l'Unicef en Ukraine, le problème n'est pas qu'il n'y a pas de victimes à secourir, mais qu'on n'arrive pas encore à les secourir. "Nous avons été un peu surpris ce matin de voir qu'il n'y avait que neuf évacués dans le train, admet-elle. Mais il faut comprendre que beaucoup de gens dans les zones inondées n'arrivent pas à se rendre dans les points d'évacuation. La difficulté c'est d'accéder aux maisons inondées".
"Tout est sous l'eau, il faudrait des barques pour aller chercher les sinistrés. Certains dorment sur leur toit."
Ksenia, de l’Unicefà franceinfo
"La majorité des évacuations s’improvisent", confirme Fabrice Martin qui rentre d'une journée éprouvante à Kherson, tant les moyens semblent encore limités. Directeur de l'ONG Care en Ukraine, il décrit des évacuations sur de simples canots pneumatiques, avec des populations qui malgré la situation rechignent à évacuer, souvent des personnes âgées qui ont déjà refusé de quitter leur résidence, malgré le conflit.
Et les discussions pour tenter de les convaincre ne se font pas dans les meilleures conditions puisque les combats ne sont jamais très loin. Le temps des équipes sur place est compté, quasiment minuté, explique Fabrice Martin. "On doit arriver de bonne heure mais on doit repartir aux environ de trois heures parce que c’est là qu’il y a en général, une intensification des bombardements. On est quand même dans cette ambiance de guerre".
Mines éparpillées, maladies… les dangers sont multiples
Un danger palpable combiné à un risque majeur, invisible, celui des mines et autres types d'explosifs charriés par des eaux opaques du Dniepr, libérées par la destruction du barrage de Kakhovka. Ils peuvent se déclencher au moindre contact. Une menace qui sera encore plus grande après la décrue car tous ces objets se retrouveront enfouis sous quelques centimètres de boue, éparpillés, sans aucune logique, au gré des courants. Et ils ne seront pas les seuls dangers.
Evgueniy Chupina, de la Croix-Rouge ukrainienne, pensent que les sinistrés ne veulent pas quitter leur maison, parce qu'ils ne mesurent pas l'ampleur de la catastrophe déclenchée avec la destruction du barrage. "Il ne faut pas imaginer que l'eau va s'en aller et qu'on va recommencer à vivre comme avant", insiste-t-il.
"Il est possible que différentes maladies apparaissent, avec l'été, la chaleur, des tombes ou des produits chimiques qui seraient exhumés par les eaux."
Evgueniy Chupina, de la Croix-Rougeà franceinfo
Mercredi soir, Volodymyr Zelensky a appelé les ONG comme la Croix-Rouge à venir en renfort des secouristes de l'État, dans les zones inondées, pour aller évacuer ceux qui en ont besoin. Le président ukrainien se dit aussi choqué, par l'absence d'aide internationale à l'Ukraine face à cette catastrophe. Une zone de plus de 600 km2 est inondée dans le sud de l'Ukraine, "32% se trouvent sur la rive droite et 68% sur la rive gauche" du Dniepr, communique le gouverneur de la région de Kherson sur les réseaux sociaux.
Emmanuel Macron a annoncé mercredi l'envoi d'une "aide pour répondre aux besoins immédiats". Une dizaine de tonnes d'équipements et biens humanitaires d'urgence va être acheminée, a indiqué peu après le Quai d'Orsay, notamment "des purificateurs d'eau" et "des kits familiaux d'hygiène".
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