: Témoignage Guerre en Ukraine : à Severodonetsk, "tu vas chercher du pain et tu ne sais pas si tu vas revenir", racontent les habitants
Dans cette ville du Donbass, région où se concentrent désormais les combats, les habitants passent la majeure partie de leur journée dans des abris sous-terrains et redoutent les bombardements meurtriers de l'offensive russe.
Dans les immeubles délabrés du centre-ville de Severodonetsk, sur la ligne de front de la guerre en Ukraine, des civils vivent terrés dans leurs abris sous-terrains et ne sortent que quelques minutes par jour. Ici, les bombardements ont été particulièrement violents à la mi-avril. On déplore la mort de 450 habitants de cette ville du Donbass depuis le début de la guerre, le 24 février. Et l'annonce par Kiev et le Kremlin du début de "la bataille pour le Donbass", crainte depuis des semaines, ne les rassurent pas.
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Dans une rue, un immense cratère est visible. "C'était il y a environ deux semaines. Les bombardements étaient extrêmement violents. Ça tapait ici et là", se souvient Yura, 43 ans. Le visage émacié, un survêtement rouge, il fume une cigarette à proximité. "Certains voisins ont été blessés, d'autres sont morts et beaucoup ont fui. Il ne reste plus que six habitants ici..."
Autour de lui, des rues défoncées, jonchées de débris et parfois de roquettes non-explosées. "C'est dangereux, affirme Yura. Tu vas chercher du pain et tu ne sais pas si tu vas revenir." Lui-même a pu le constater lors de ses sorties.
"Il m'est arrivé de voir des corps qui gisaient depuis deux ou trois jours. Personne ne les avait ramassés."
Yura, Ukrainien de 43 ansà franceinfo
Yura passe le plus clair de ses journées à l'intérieur de son abri. "On dort ici, on mange ici... En fait, on passe presque tout notre temps ici. Ça fait bientôt deux mois, c'est dingue." Yura partage cet abri sous-terrain avec son ami Alexandre. "C'est incompréhensible. Pourquoi s'en prennent-ils à nous comme ça ?", s'énerve-t-il, de la colère dans les yeux. "Autant de destruction pour rien... Les frères ne se font jamais la guerre. Maintenant, nous ne sommes plus frères. C'est mieux qu'ils quittent l'Ukraine."
Yura et Alexandre ont mis leurs femmes à l'abri dans l'ouest du pays : "Seuls les hommes sont restés pour se battre, s'il le faut." Les deux hommes d'une quarantaine d'années se disent prêts à combattre, avec une motivation décuplée après les récentes atrocités commises par les forces russes.
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