"Ici, nous avons la liberté" : la reconnaissance des danseurs du Kiev City Ballet accueillis au théâtre du Châtelet
Les trente-sept danseurs de la troupe du Kiev City Ballet, en tournée en France quand la guerre en Ukraine a éclaté, ont manifesté leur souhait de rester à Paris et ont obtenu le statut de troupe résidente au théâtre du Châtelet.
Le théâtre du Châtelet à Paris ouvre ses portes au Kiev City Ballet. La troupe de danseurs ukrainiens était en tournée en France quand la guerre a éclaté et les artistes ont exprimé leur souhait de rester à Paris, en sécurité. Les trente-sept danseurs ont donc trouvé refuge dans la capitale française, pour répéter et poursuivre leurs représentations à travers l'Hexagone. Cet accueil, nuits à l'hôtel et résidence au Châtelet, est coordonné par la ville de Paris et la direction du théâtre.
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Leurs yeux bleus sont rougis par la tristesse. Les jeunes danseurs ukrainiens observent le théâtre, ses dorures et ses centaines de sièges rouges. Ici, c'est désormais chez eux. Alexander et Daniil ont la vingtaine, ils font partie des grands espoirs du Kiev City Ballet. La scène est désormais le seul endroit où leurs angoisses se taisent. "Avant que la musique ne retentisse, toutes nos pensées sont tournées vers l'Ukraine, confient-ils, Nous y pensons constamment. Mais quand la performance commence, nous endossons notre rôle d'artistes, de professionnels, et nous nous concentrons sur la danse."
La scène comme une tribune
Le directeur du ballet, Ivan Kozlov, les écoute avec émotion. Il veille sur ses jeunes danseurs comme un père puisque leurs parents et tous leurs proches sont retenus en Ukraine.
"Nous sommes très chanceux d'être là, sous le ciel pacifique de Paris. Et nous pensons à nos familles en Ukraine, qui se battent. Ici, nous avons la liberté. Celle de poursuivre nos performances artistiques."
Ivan Kozlovà franceinfo
Alors que les bombardements continuent de défigurer son pays, Ekaterina Kozlova, directrice associée du Kiev City Ballet, voit dans la danse une forme de résistance. "Pour le moment, nous sommes en quelque sorte les protecteurs du ballet ukrainien, estime-t-elle. "Pour nous, la danse ukrainienne porte en elle une beauté singulière. Même si notre art est muet, nous pouvons nous servir de la scène pour patarger notre amour, nos émotions. Nous sommes très chanceux de pouvoir utiliser cette scène comme plateforme, comme tribune."
Sauvegarder la culture ukrainienne
Une tribune d'autant plus importante que la culture ukrainienne est en danger. C'est ce que tient à rappeler Victoria Gulenko, conseillère culturelle à l'ambassade d'Ukraine. Elle est en contact permanent avec les artistes restés dans le pays. "Ils sont contraints de laisser toutes leurs oeuvres sur place et de partir, décrit-elle. Il est tout à fait possible qu'il y aient des pertes culturelles."
"Aujourd'hui, tous les artistes sont cachés dans leur sous-sol parce qu'il est désormais très dangereux de rester dans le pays."
Victoria Gulenkoà franceinfo
Quant aux trente-sept danseurs du Kiev City Ballet, ils pourront rester autant de temps que nécessaire au Châtelet, assure la direction du théâtre comme la Ville de Paris. Selon Carine Rolland, adjointe à la Culture à la mairie de Paris, "des discussions sont en cours avec plusieurs théâtres parisiens pour préparer l'accueil éventuel d'autres artistes ukrainiens". Le Châtelet a par ailleurs bousculé sa programmation pour organiser un spectacle en soutien au peuple ukrainien mardi 8 mars, avec les danseurs du Kiev City Ballet. La recette de la billetterie sera intégralement reversée à Acted et à La Croix Rouge. La troupe se produira par la suite à Nantes et Tours.
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