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Témoignage "On veut tous partir au combat" : l'impatience d'un soldat ukrainien de Kiev, sceptique sur un cessez-le-feu russe

Valentin Alexandrovitch Zagrebelnyi, que franceinfo a rencontré à Kiev, s’apprête à partir au front alors que les canons russes grondent toujours autour de la capitale ukrainienne et que la Russie a annoncé un cessez-le-feu à Marioupol à partir de jeudi matin.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot et Arthur Gerbaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Valentin Alexandrovitch Zagrebelnyi, ici à Kiev le 30 mars 2022, n'a aucune confiance dans la parole des Russes. (ARTHUR GERBAULT - MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

Il a combattu à Marioupol et Donetsk en 2015, dans les tranchées. Depuis cinq semaines, Valentin Alexandrovitch Zagrebelnyi, yeux clairs souriants et une petite barbe rousse bien taillée, défend Kiev et s’apprête à partir au front alors que l'artillerie tonne toujours autour de la capitale ukrainienne. La Russie a bien annoncé un cessez-le-feu à Marioupol à partir de jeudi 31 mars, afin d'évacuer les civils, mais en Ukraine, la parole russe reste accueillie avec beaucoup de scepticisme. Et les soldats sont plus motivés que jamais pour bouter l’ennemi hors des frontières.

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Valentin Alexandrovitch Zagrebelnyi a traqué les saboteurs, effacé les marques de peinture fluo qui guident les frappes russes, défendu la centrale thermique de Kiev. "C’est la mission de notre bataillon, le 127, explique-t-il sans cacher son impatience d’en découdre vraiment. On veut tous partir au combat. Ce qu’ils ont fait à Irpin, ce qu’ils ont fait à Boutcha, à Marioupol, à Kharkiv, c’est impardonnable."

"On est en colère : cette charogne, il faut la chasser d’ici. Et la chasser le plus loin possible."

Valentin Alexandrovitch Zagrebelnyi

à franceinfo

Le ton reste mesuré. À 40 ans, Valentin en a vu d’autres : il est celui qui calme les troupes et garde la tête froide en toutes circonstances. Il n'a aucune confiance dans la parole des Russes, "menés par un KGBiste", dit-il. Il n’a d’ailleurs que dédain pour ceux qu’il appelle les "fameux négociateurs" des délégations russe et ukrainienne qui se sont retrouvés à Istanbul pour des pourparlers.

C'est sur le terrain que la guerre sera gagnée

"Le meilleur négociateur, c’est ZSU [Zbroini syly Ukrainy], l’armée d’Ukraine, c’est elle qui peut véritablement dicter les conditions, estime-t-il. Tous ces retraits que l’on voit autour de Kiev, ce ne sont que des rotations de troupes ou des regroupements. Ils ne ramènent pas les hommes chez eux et ils ne vont pas respecter les accords. Ils vont probablement envoyer leurs forces dans le Donbass, sur le front de Donetsk, ou vers Marioupol. Ce sont les deux fronts importants, donc il faut qu’on tienne nos positions."

C’est donc sur le terrain que la guerre sera gagnée. Pour Valentin, cela veut dire reconquérir la Crimée et le Donbass. "Cette fois, il ne faut rien lâcher, insiste le soldat en rajustant sa veste de treillis. Ne serait-ce que pour ma fille de quatre ou pour les enfants de ma fille : je ne veux pas qu’ils soient Russes."

"Nous n’avons pas la même mentalité. Nous sommes des gens libres et eux, ils sont comme des serfs de la Russie tsariste "

Valentin Alexandrovitch Zagrebelnyi

à franceinfo

Alors que nous terminons l’entretien, son téléphone sonne et il affiche un large sourire. C’est le signal. Valentin Alexandrovitch Zagrebelnyi part sur le front tout de suite. Il a juste le temps de glisser qu’il va leur faire passer l’envie de revenir, à ces Russes, pour les cent ans à venir.

L'impatience d'un soldat ukrainien de Kiev, sceptique sur un cessez-le-feu russe - le reportage de Marie-Pierre Vérot et Arthur Gerbaut

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