: Témoignage "Regardez ici, c'est le travail de l'artillerie" : dans l'ombre de la guerre en Ukraine, l'enjeu majeur de la propagande
En Ukraine, à quelques jours de la date anniversaire de l'invasion russe, plusieurs batailles font rage, celles sur le front, celles aussi de la communication. Les deux camps s'affrontent en effet à coups de vidéos de propagande publiées sur les réseaux sociaux. Dans le Donbass, à quelques kilomètres de Bakhmout, franceinfo a rencontré une femme officier de l'armée ukrainienne en charge de la communication d'un bataillon d'infanterie.
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En nous recevant dans cette petite maison réquisitionnée par les soldats à quelques kilomètres du front, Mariana, 28 ans s'excuse. "Je ne suis pas maquillée", dit-elle. Avec ses deux petits chiens qu'elle serre amoureusement contre elle, on pourrait croire que Mariana n’a pas sa place dans cet univers fait de violence et de mort. Erreur. "Je vais vous montrer la chaîne Telegram où l'on diffuse les vidéos, vous allez voir", indique-t-elle.
Vidéos de propagande
Mariana a pour mission de monter et de diffuser sur les réseaux sociaux des vidéos tournées sur le front par les soldats. "Je veux mettre en avant le travail de notre brigade et montrer que c'est difficile pour les soldats de se battre avec des armements soviétiques archaïques. On veut montrer que notre réponse serait plus forte avec des armes occidentales."
Ces vidéos de propagande sont à destination des pays étrangers, même si ce sont surtout les Ukrainiens qui les consultent. "Regardez ici, c'est le travail de l'artillerie sur les positions russes. On les cible. Regardez, il y a des cadavres de russes partout", décrit-elle.
"Les vidéos les plus likées, ce sont celles où l'on voit les Russes tués sur le coup par des obus. Par exemple, celle où quatre soldats russes emportent un blessé et rampent comme des rats."
Mariana, chargée de communication dans un bataillon ukrainienà franceinfo
Ces petits films qui inondent les réseaux sociaux et qui font sourire Mariana sont aussi publiés à destination des soldats russes, le but étant de les démoraliser. En plus des vidéos, d'autres messages sont envoyés aux Russes. "Aujourd'hui par exemple, une division d'artillerie doit leur envoyer des obus qui, quand ils explosent, éparpillent des messages", ajoute Mariana. Ces lettres sont envoyées "avec des instructions et des numéros de téléphone pour leur expliquer comment se rendre". "Parfois c'est un drone qui jette ces lettres, détaille-t-elle. On appuie sur un bouton et on voit toutes ces lettres voler au vent". "Dessus il est écrit qu'ils peuvent se rendre, qu’on va les accueillir en captivité selon les règles de la convention de Genève." Mariana assure que cela fonctionne. Plusieurs soldats russes se sont rendus, dit-elle, après avoir reçu ces lettres.
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