Ukraine : la visite de Laurent Fabius et de Jean-Yves Le Drian à Moscou annulée
Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense français devaient rencontrer leurs homologues russes mardi. Mais le rapprochement de la Crimée et de la Russie change la donne diplomatique.
La diplomatie française avait prévenu la semaine passée que la visite de ses principaux représentants en Russie pourrait être remise en cause par les événements qui secouent l'Ukraine et la Crimée. Finalement, la rencontre, prévue mardi 18 mars à Moscou, entre les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou et leurs homologues français Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian, a bien été annulée.
La visite des deux ministres français avait été annoncée la semaine dernière par le Kremlin. L'Elysée avait toutefois souligné que cette réunion se tiendrait "en fonction des avancées sur le dossier ukrainien". Or, la Crimée a plébiscité dimanche son rattachement à la Fédération de Russie lors d'un référendum dont les résultats n'ont pas été reconnus par les pays occidentaux. Comment se manifestent les tensions entre ces derniers et Moscou ?
Une série de sanctions contre Moscou
Annoncées quasiment simultanément à Bruxelles et Washington, les sanctions européennes et américaines concernent un nombre limité de responsables russes et ukrainiens. Si elles épargnent a priori Vladimir Poutine, elles frappent très près du président russe. Côté américain, onze personnes sont visées, dont le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch, ainsi que deux dirigeants séparatistes de Crimée, Serguiï Axionov et Volodymyr Konstantinov. Parmi les Russes, qui voient ainsi leurs éventuels avoirs gelés aux Etats-Unis, figurent le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, la présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matvienko, ainsi que deux proches conseillers du président.
Dans le même temps, les ministres européens des Affaires étrangères ont annoncé des restrictions de visas et gels d'avoirs contre 21 responsables ukrainiens et russes (en anglais), selon le ministre lituanien Linas Linkevicius
L'annonce de ces sanctions n'a toutefois pas empêché Vladimir Poutine de signer dans la soirée un décret reconnaissant l'indépendance de la péninsule séparatiste ukrainienne de Crimée, étape nécessaire pour son intégration en Russie.
Un déplacement de Fabius et Le Drian à Moscou annulé
Mardi, le chef de la diplomatie française a en revanche confirmé l'annulation du déplacement qu'il devait effectuer ce jour à Moscou en Russie avec le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, pour y rencontrer leurs homologues russes.
"On a jugé que c'était inopportun notamment parce que Vladimir Poutine doit prononcer ce matin un discours à la Douma où il va vraisemblablement annoncer l'annexion de la Crimée", a-t-il précisé. "Nous avons considéré avec le président de la République que ce voyage serait mal interprété car il donnerait le sentiment que nous cautionnons ce qui se fait, ce qui n'est pas du tout le cas", a-t-il également déclaré.
Une vente de navires Mistral en suspend
Laurent Fabius a pour sa part déclaré que la France pourrait envisager d'annuler la vente de navires militaires français Mistral à la Russie "si Poutine continue ce qu'il fait" en Ukraine. Ce contrat pour la vente de deux navires de projection et de commandement (BPC) de type Mistral, pour plus d'un milliard de dollars, avait été signé en 2011.
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